OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La licence globale au secours des blogueurs http://owni.fr/2011/12/28/licence-globale-blogueurs-remuneration/ http://owni.fr/2011/12/28/licence-globale-blogueurs-remuneration/#comments Wed, 28 Dec 2011 07:30:37 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=91833 Dans la polémique qui a éclaté lors de la trêve des confiseurs à propos de la rémunération des blogueurs et de leurs rapports avec les sites de presse, j’ai trouvé frappant de constater que le débat se ramenait à une opposition finalement assez classique entre amateurs et professionnels, sans beaucoup d’imagination du côté des modèles économiques envisageables.

Or il existe des propositions de modèles alternatifs de financement de la création qui tendent à dynamiter symboliquement cette distinction entre amateurs et professionnels et ils constituent une piste intéressante pour envisager la question sous un nouvel angle.

J’ai déjà abordé cette question du statut des blogueurs vis-à-vis de la presse sous l’angle juridique, à propos du mode de fonctionnement du Huffington Post et de son arrivée en France, mais il me paraît intéressant aujourd’hui de la reprendre sous l’angle économique, en la reliant avec la problématique de la licence globale.

On peut en effet concevoir des solutions, de type licence globale ou contribution créative, qui viendraient englober les contenus produits par la blogosphère et offrir aux blogueurs une rémunération en contrepartie de leur inclusion dans la sphère des échanges hors marché qu’un tel système viendrait légaliser.

Gold Capsule. Par Brooks Elliot. CC-BY-SA. Source : Flickr

Il est intéressant à cet égard de relire les propositions faites par Philippe Aigrain, dans son ouvrage Internet & Création, dans lequel il modélise un mécanisme de contribution créative qui ne se limite ni au peer-to-peer, ni aux seuls domaines de la musique et de la vidéo, mais pourrait tout à fait s’appliquer à la blogosphère.

Ses propositions incluent en effet dans le périmètre de la contribution créative “toute œuvre qui a donné lieu à une diffusion numérique au public général quelle que soit sa nature (gratuite ou payante)“. Cette définition concerne donc bien les billets de blogs, tout comme d’ailleurs les pages des sites de la presse professionnelle, du moment que ceux-ci sont en accès libre.

Le critère retenu est celui de la divulgation volontaire au public des contenus sous forme numérique, mais il ne s’étend pas à toutes les formes de diffusion. “[...] l’accès par les membres d’une communauté informationnelle (accessible sur abonnement avec accès protégé)”, par exemple , “ne rend pas une œuvre publique au sens du mécanisme”. Dans le domaine de la presse, cela signifie par exemple qu’un site comme Mediapart ne serait pas inclus dans le dispositif, lui permettant de conserver son modèle économique organisé autour d’un accès payant sur abonnement.

Des contenus commerciaux aux User Generated Content

C’est une des grandes forces du modèle proposé par Philippe Aigrain de ne pas se focaliser sur les contenus “commerciaux”, mais de s’étendre à ce qui constitue une part déterminante de la création contemporaine, à savoir les User Generated Content (Contenus produits par les Utilisateurs) : photographies amateurs, vidéos d’expression personnelle, musique libre, et bien entendu, production des blogueurs.

Même s’ils sont produits par des amateurs et diffusés gratuitement sur Internet, ces contenus pourraient ouvrir droit à une rémunération pour leurs auteurs, tirée de la redistribution d’une partie des redevances versées par les internautes, en contrepartie de la reconnaissance d’un droit au partage.

Pour les créateurs “amateurs”, Philippe Aigrain propose que le bénéfice de la rémunération fasse l’objet d’une adhésion volontaire de la part des auteurs, c’est-à-dire par exemple pour le cas qui nous intéresse, que les blogueurs accomplissent une démarche pour faire enregistrer leur blog et indiquer qu’ils souhaitent effectivement toucher une rémunération, calculée sur la base d’une évaluation de l’usage des contenus (pour les blogs, on peut imaginer qu’il s’agirait de la fréquentation et des références, du type rétroliens et partages sur les réseaux sociaux).

Le droit au partage des contenus est conçu par Philippe Aigrain de manière plus large que le simple téléchargement auquel on réduit  trop souvent la licence globale. Ce n’est pas seulement un droit à la copie et à l’usage privés, mais un droit “de reproduction et de communication au public : chacun pourrait donc seulement recevoir et mettre à disposition des autres les oeuvres (et bien sûr les lire, écouter, visionner, etc.)“. Les blogs se trouveraient donc par défaut tous placés sous un régime juridique proche d’une licence Creative Commons BY-NC (mais les pages web des sites de presse en accès libre le seraient également). Cette ouverture favoriserait très largement des pratiques comme la propulsion, la curation et l’agrégation des contenus, que ce soit par les professionnels ou par les amateurs, dans des conditions juridiques beaucoup plus fluides qu’actuellement où les zones d’ombre sont nombreuses.

Bénéfique aux deux parties

La mise en application d’un tel système aurait des répercussions importantes sur les relations entre blogueurs et sites de presse, et à mon sens, elles seraient bénéfiques aux deux parties. Les blogueurs y trouveraient une source de revenus, sans doute assez modeste pour le plus grand nombre d’entre eux, mais moins menaçante pour leur indépendance que le versement direct de subsides par un site de presse. Par ailleurs, comme les échanges hors marché seraient légalisés, rien n’empêcherait les journaux de reprendre des billets sur leur site, à condition toutefois de ne pas les entourer de publicités (assimilable à mon sens dans ce cas à un usage commercial). Les sites de presse, à condition de laisser leurs contenus en accès libre, trouveraient également une source de financement dans la redistribution d’une part des redevances, pouvant se cumuler avec des ressources publicitaires.

Même dans un tel système ouvert, les blogueurs conserveraient la possibilité de valoriser financièrement leur production, en concluant des contrats pour autoriser des usages commerciaux (par exemple justement pour la reprise de contenus sur des sites financés par de la pub ou pour l’édition de leurs billets sous forme de livres papier ou d’eBooks). A contrario, certains blogueurs pourraient choisir d’autoriser a priori des usages au-delà du partage hors marché en recourant à des licences libres du type CC-BY ou CC-BY-SA, qui conserveraient tout leur intérêt. Et il y a même fort à parier qu’une partie importante des blogueurs amateurs ne demanderaient pas à toucher la rémunération.

Des solutions de type licence globale ou contribution créative me paraissent donc constituer des pistes intéressantes pour clarifier et redéfinir les relations entre blogueurs et sites de presse. Elles permettent aussi de sortir des amalgames du genre “absence de rémunération=liberté”, en ouvrant une voie permettant d’attribuer une récompense à ceux qui contribuent à enrichir le corpus des biens communs informationnels partageables.

Le PS et EELV sur la bonne voie

Dans le débat politique actuel, on a hélas trop tendance à assimiler la licence globale à une simple légalisation du P2P pour la musique et la vidéo, mais cet exemple montre tout l’intérêt de concevoir cette alternative d’une manière plus large et de l’étendre à l’ensemble des contenus publiés en ligne, que leurs créateurs soient des amateurs ou des professionnels.

La dernière proposition en date du Parti socialiste, élaborée par le pôle Culture du comité de campagne de François Hollande, est suffisamment large pour aller jusque là, puisqu’elle consiste à “autoriser les échanges de tous types d’œuvres entre particuliers à des fins non commerciales“. Les propositions d’Eva Joly, qui s’inspirent de Richard Stallman, avec un mélange de contribution créative et de mécénat global (don volontaire des internautes aux créateurs qu’ils souhaitent soutenir), ne paraissent pas non plus incompatibles avec une prise en compte de la question des User Generated Content.

(Golden Egg. Par Mykl Roventine. CC-BY. Source : Flickr)

Certes, je pense que le fait de choisir la forme du blog pour écrire est assez éloignée de l’espoir d’en attendre un retour direct sous forme  pécuniaire. Jean-Noël Lafargue dans un billet excellent explique bien que les retombées que peut recevoir un blogueur sont beaucoup plus subtiles (opportunités éditoriales en ce qui le concerne ; pour ma part, il s’agirait plus de propositions de formations à assurer, d’interventions publiques ou de consultations juridiques).

Par ailleurs, je me sens assez proche d’un Thierry Crouzet lorsqu’il assimile le fait de bloguer à un “art de vivre” et non à une forme de travail :

Bloguer, ça paye à tous les coups parce que ça nous procure une puissante sensation de vie.

Néanmoins,  je pense que l’on peut, grâce à la licence globale, éviter à la fois l’écueil d’une certaine forme de “romantisme numérique” et les risques liés au fait de transformer les blogueurs en salariés de seconde zone.

Je crois également qu’une grande partie des difficultés soulevées par le droit d’auteur aujourd’hui viennent du fait que l’on se focalise sur le mythe qu’il est justifié par la possibilité qu’il donnerait aux auteurs d’en tirer un revenu principal afin d’être en mesure de créer, alors même que la plus grande part des contenus en ligne sont produits par des amateurs. Les personnes capables de vivre de leurs créations ne sont qu’une infime minorité et ce ne sont certainement pas celles qui créent de manière indépendante !

Conçus de manière large pour donner la pleine mesure de leurs effets, des systèmes de rémunération alternatifs comme la contribution créative aurait l’intérêt de faire voler en éclats cette distinction stérile entre amateurs et professionnels. Ils auraient aussi à mon sens la vertu de faire émerger un écosystème informationnel beaucoup plus fluide et plus riche que les “stratagèmes égonomiques” auxquels se livrent actuellement les sites de presse pour séduire les blogueurs et attirer les contributions.

PS : Philippe Aigrain va faire paraître en février 2012 un nouveau livre consacré au financement de la création, intitulé Sharing : culture and the economy in the Internet age. A lire absolument, d’autant plus qu’il sera sous licence libre ! Mais je gage qu’il sera la preuve vivante que le partage n’est pas incompatible avec un modèle économique, en assurant à son auteur des revenus nettement aussi importants qu’une parution par les voies commerciales classiques.

Image de une CC Flickr AttributionNoncommercial bebouchard

Billet initialement publié sur :: S.I.Lex :: sous le titre Rémunération des blogueurs : une piste du côté de la licence globale ?

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Les outils du blogueur anonyme et dissident http://owni.fr/2010/05/27/les-outils-du-blogueur-anonyme-et-dissident/ http://owni.fr/2010/05/27/les-outils-du-blogueur-anonyme-et-dissident/#comments Thu, 27 May 2010 17:59:26 +0000 Electronic Frontier Fondation http://owni.fr/?p=16772 Sous la proposition de loi du sénateur Masson transparaît à la fois une méconnaissance de l’Internet, une peur qui en découle et une volonté sous-jacente de contrôle d’un environnement qui échappent aux politiques ne maîtrisent plus depuis longtemps. Quoiqu’il en dise, l’anonymat sur Internet est d’une importance cruciale. Voilà quelques conseils pour bloguer sans être ni découvert, ni retrouvé, ni inquiété.

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Les blogs sont un mélange de conversations téléphoniques privées et de journaux. C’est l’outil parfait pour partager votre recette préférée de mousse au chocolat avec vos amis – ou pour soutenir les fondements de la démocratie en informant le public qu’un membre du gouvernement a été corrompu par votre patron.

Si vous bloguez, il n’est pas garanti que vous attirerez des milliers de lecteurs. Mais quelques lecteurs au moins trouveront votre blog, et ils pourraient être ceux que vous voulez ou attendez le moins qu’ils vous lisent. Cela inclut vos employeurs (actuels ou potentiels), vos collègues, vos voisins, votre époux(se), votre famille, ou quiconque tape votre nom ou votre adresse mail dans un moteur de recherche et clique sur deux ou trois liens.

L’idée c’est que finalement, n’importe qui peut trouver votre blog si votre identité “réelle” y est liée d’une manière ou d’une autre. Et il peut y avoir des conséquences. Les membres de votre famille peuvent être choqués ou dérangés en vous lisant. Un employeur potentiel y réfléchira peut-être à deux fois avant de vous embaucher. Mais ces inquiétudes ne doivent pas vous empêcher d’écrire. A la place, elles doivent vous convaincre de sécuriser ce dernier, ou de le rendre accessible seulement à quelques personnes de confiance.

Nous vous proposons ici quelques précautions à prendre pour vous aider à contrôler votre confidentialité, afin que vous puissiez vous exprimer sans risque de représailles. Si vous les suivez correctement, ces protections peuvent vous éviter de gros ennuis, ou un simple embarras devant vos amis ou collègues.

Bloguez anonymement

La meilleure façon de bloguer et de conserver un peu de confidentialité est de le faire anonymement. Mais être anonyme n’est pas aussi simple que ce que vous pensez.

Disons que vous voulez commencer un blog à propos de votre horrible environnement de travail, sans prendre le risque que votre patron ou vos collègues découvrent ce que vous racontez sur eux. Vous devrez réfléchir à comment rendre anonyme tous les détails possibles vous concernant. Et vous devrez aussi utiliser quelques outils qui rendent le traçage de votre blog à votre identité réelle plus compliqué.

1 – Utilisez un pseudonyme et ne donnez pas de détails pouvant vous identifier

Quand vous écrivez à propos de votre lieu de travail, soyez sûr de ne pas donner de détail parlant. Cela inclut des choses comme votre localisation, combien d’employés compte votre entreprise et son secteur d’activité. Même des détails généraux peuvent dévoiler beaucoup. Si, par exemple, vous écrivez, “Je travaille dans un hebdomadaire de Seattle que je ne nommerai pas”, c’est clair que vous devez travailler dans un ou deux endroits possibles. Soyez intelligents. À la place, vous pouvez dire que vous travaillez dans une entreprise de média dans une ville moyenne.

Évidemment, n’utilisez pas de véritables noms et ne postez pas de photos de vous. Et n’utilisez pas de pseudonymes qui ressemblent à votre vrai nom. Ne remplacez pas Annalee par Leanne, par exemple. Et souvenez-vous que n’importe quel type d’information personnelle peut dévoiler votre identité. Vous pourriez être le seul dans votre entreprise à être né tel jour, ou possédant un chat roux.

Aussi, si vous n’avez aucune envie que vos collègues tombent sur votre blog, ne bloguez pas pendant vos heures de travail. Point final. Vous pourriez avoir des problèmes pour avoir utilisé les ressources de votre entreprise, comme Internet, et ce sera compliqué de prouver que vous écriviez votre blog dans le cadre de votre travail. Ce sera aussi très compliqué de cacher votre activité de blogging à vos collègues et aux employés du service informatique qui observent le trafic de l’intranet à la loupe.

2 – Utilisez des techniques d’anonymisation

Il y a un grand nombre de solutions techniques pour le blogueur qui désire rester anonyme.

Si vous vous inquiétez du fait que votre hébergeur enregistre votre adresse IP et puisse remonter jusqu’à l’ordinateur depuis lequel vous bloguez, vous pouvez utiliser le réseau Tor pour bloguer. Tor réoriente votre trafic Internet à travers ce qu’il appelle un “réseau superposé” qui dissimule votre adresse IP. Plus important, Tor rend plus difficile pour les fouineurs d’Internet de suivre le chemin de vos données et de remonter jusqu’à vous.

[NdT: depuis la parution de ce billet, plusieurs technologies nouvelles ont fait leur apparition. En voici quelques-unes (largement inspirées par ce post de Korben) :

> Vous pouvez utiliser des fournisseurs de comptes mail anonymes, comme Hushmail.
>  Préférez des plateformes de blogging qui ne requièrent pas d'info personnelles (Blogger), ou hébergez vous-même votre blog en utilisant par exemple Wordpress, si possible.
> Utilisez des proxy pour sécuriser votre connexion Internet
, cet outil par exemple.

Mais solution la plus sûre et efficace pour sécuriser votre connection semble être Tor. Plus d'infos ici.]

3 – Utilisez des serveurs ping

Si vous voulez protéger votre confidentialité tout en rendant visibles et accessibles les informations que vous publiez, essayez d’utiliser des services de ping pour diffuser vos contenus à votre place. Pingomatic est un outil qui vous permet de faire cette diffusion vers plusieurs endroits à la fois, tout en vous rendant intraçable.

Le programme est chargé d’envoyer une notification (un “ping”) à propos de vos publications à des moteurs de recherche comme Wikio ou Technorati. Une fois que ces sites listent vos entrées, ce qui prend en général quelques minutes, vous pouvez retirer votre note [NdT : car votre article est stocké sur ces sites]. Ensuite, la nouvelle peut se propager rapidement et sa source disparaitre, le tout en moins d’une demi-heure. Cela protège le blogueur tout en lui permettant d’atteindre une certaine audience.

4 – Limitez votre audience

Beaucoup de services de blogging vous permettent de limiter l’accès à des billets spécifiques – ou à tout votre blog – uniquement à ceux qui détiennent un mot de passe, ou qui sont autorisés. Si le but de votre blog est de communiquer avec votre famille ou vos amis, et que vous voulez éviter tout dommage collatéral pour votre confidentialité, envisagez d’utiliser ces fonctionnalités. Si vous hébergez vous-même votre blog, vous pouvez aussi le protéger par mot de passe, ou le configurer pour qu’il ne puisse être visible que depuis certains ordinateurs spécifiques.

5 – Empêchez Google de vous trouver

Si vous voulez empêcher les principaux moteurs de recherche comme Google d’inclure votre blog dans ses résultats de recherche, vous pouvez créer un fichier spécial qui indique à ces services qu’il faut ignorer votre site. Ce fichier est appelé robots.txt. Vous pouvez aussi l’utiliser pour empêcher les moteurs de recherche d’accéder à certaines parties de votre blog seulement. Si vous ne savez pas comment faire cela vous même, vous pouvez utiliser un générateur gratuit sur Internet (http://www.referencement-gratuit.com/robots-txt.html). Cependant, il faut rappeler que les moteurs de recherche peuvent choisir d’ignorer un fichier robots.txt, rendant votre blog facilement recherchable. Il y a beaucoup d’astuces pour rendre votre blog moins facilement trouvable, sans passer par un robots.txt.

6 – Enregistrez votre nom de domaine anonymement

Même si vous ne donnez aucun nom ou information personnelle sur votre blog, les gens peuvent regarder le WHOIS de votre nom de domaine, et découvrir qui vous êtes. Si vous ne voulez pas que cela soit possible, vous pouvez enregistrer votre nom de domaine anonymement.

[NdT : c'est en Scandinavie qu'on trouve probablement une des solutions les plus sûres. Si vous souhaitez faire héberger votre blog dans un lieu sûr, protégé par la Constitution suédoise (très protectrice), vous pouvez vous adresser à PRQ, un hébergeur suédois spécialisé dans l'hébergement sensible : c'est chez eux que sont stockées les données les plus sensibles de Wikileaks.]

Bloguez sans vous faire virer

Un paquet de blogueurs a récemment découvert que leur dur labeur pouvait les mener au chômage. Selon les estimations, des dizaines de personnes auraient été virées pour avoir blogué, et le nombre augmente de jour en jour.

[NdT: les Français se souviendront du cas de cette jeune Anglaise virée d'un cabinet d'avocat parisien pour avoir blogué, affaire relatée par Rue89 et Maître Eolas. Une liste de blogueurs virés pour avoir blogué sur leur entreprise est disponible ici.]

La mauvaise nouvelle, c’est que dans de nombreux cas, il n’y pas de moyens légaux de lutter contre ce genre de licenciements. Même si votre liberté d’expression est protégée, cette protection ne vous exempte pas des conséquences de ce que vous dites.

Une manière de vous assurer que vous n’allez pas recevoir comme tout commentaire à votre blog une lettre de licenciement est de vous assurer que vous écrivez dans des cadres protégés par la loi.

1 – Les opinions politiques

La Constitution empêche théoriquement un employeur de vous virer sur le motif de vos opinions politiques. Si vous évoquez sur votre blog votre appartenance au PCF et que votre boss vous vire pour ça, vous pouvez tout à fait envisager un procès.

2 – Les syndicats

De la même manière, la liberté syndicale est extrêmement bien protégée, vous pouvez bloguer à ce sujet de manière à peu près sécurisée. Si vous appartenez à un syndicat, il est même possible que votre contrat prévoit la possibilité de bloguer.

3 – Faire le whistleblower

Généralement, les lois protègent ceux qui divulguent des informations capitales. Quelqu’un qui divulguera les activités nocives pour la société de son employeur est protégé, par exemple. Cependant, beaucoup de gens pensent à tort que s’ils reportent les infractions ou les activités illégales de leur employeur sur leur blog, ils sont automatiquement protégés. Ce n’est pas le cas. Vous devez d’abord porter ces problèmes à la connaissance des autorités juridiques concernées. Vous pouvez également vous plaindre à votre supérieur, dans votre entreprise. Mais informez d’abord une autorité compétente que, par exemple, votre employeur rejette des boues toxiques dans la nappe phréatique, puis bloguez.

4 – Si vous travaillez dans l’administration

Si vous êtes fonctionnaire, bloguer à propos de ce qu’il se passe est protégé par la liberté d’expression. En plus, c’est dans l’intérêt public que de savoir comment les impôts sont utilisés. Évidemment, ne postez pas d’informations classifiées ou confidentielles.

5 – Des activités extra-professionnelles légales

De manière générale, la loi protège le blogging à propos des activités professionnelles, tant que l’employeur ne pose pas a priori de limite à de telles activités. Cependant, la jurisprudence reste maigre par rapport au blogging.

Bloguez sans peur

Le blog est aujourd’hui central sur Internet. Vous ne pouvez pas être sûr que personne ne saura jamais que vous bloguez. Les flux RSS et autres nouvelles fonctions aggrégatives rendent le référencement de votre blog encore plus fréquent, facile et difficile à contrôler. Mais tant que vous bloguez anonymement et avec précaution, ce que vous dites en ligne a peu de chance de vous causer du dommage dans votre vie hors-ligne.

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Billet initialement publié sur L’Electronic Frontier Fondation, sous le titre “How to blog safely”.

Traduction Martin U.

À consulter : ce document de Global Voice Advocacy, qui fait le point sur les techniques de sécurisation ; le billet de Korben plus accessible.

Crédit Photo CC Flickr : Jef Safi, Demon Baby.

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La rédaction de Brave Patrie dépose plainte contre Jean-Louis Masson http://owni.fr/2010/05/25/la-redaction-de-brave-patrie-depose-plainte-contre-jean-louis-masson/ http://owni.fr/2010/05/25/la-redaction-de-brave-patrie-depose-plainte-contre-jean-louis-masson/#comments Tue, 25 May 2010 10:23:25 +0000 Alfred-Georges (Brave Patrie) http://owni.fr/?p=16321 Amis patriotes, l’heure est grave. Nous savions que l’Internet était peuplé de gauchistes malfaisants qui, le couteau entre les dents, la main droite sur Le Petit Livre rouge et le pied gauche sur la tête du Maréchal, ne songent qu’à injurier, diffamer, calomnier, conchier l’action gouvernementale pour la réhabilitation des Vraies Valeurs de la France Vraie.

Mais là, la coupe est pleine : une fois encore, après un débat sur l’identité nationale qui reprenait nos propositions nées du think-tank bidon à idées “la semaine de nos valeurs communes”, votre journal préféré a été la cible d’une nouvelle campagne de contrefaçon ourdie par le sinistre Jean-Louis Masson, sénateur de la Moselle, un département qui pourtant ne nous avait jamais déçu (excepté les poursuites contre les malgré-nous).

Iceluy a rédigé une proposition de loi visant à contraindre les blogueurs non professionnels à révéler leur identité, adresse, numéro de téléphone et mensurations péniennes, dans le but d’en tenir le fichier et in fine de décourager le salarié, effrayé par la perspective d’être sommairement licencié pour avoir émis quelques doutes sur l’intention (louable) de son DRH d’organiser un séminaire de cohésion au camping de la Foutrine, d’en faire profiter le reste du monde en rédigeant un billet sur son petit blog.

Belle incitation à l’auto-entreprise qui permet de dire “fuck” au marché de l’emploi, certes, mais il n’en reste pas moins que cette proposition est la propriété exclusive de Brave Patrie, et nous avons de nombreux témoins.

La Dictature des Blogs est déjà en marche, Monsieur Masson (14 mai, boulevard Saint-Michel, Paris).

Il s’agit du premier pilier d’une institution appelée de nos vœux et nommée par nos soins “la Dictature des Blogs”, dont une première réunion informelle a été tenue le 14 mai dernier dans les caves du 1er arrondissement de Paris, suivie d’effets immédiats, certains d’entre les membres de la rédaction ayant courageusement décidé de dévoiler publiquement leur identité en chantant La Marseillaise à poil sur la ligne 4 vers 23h45.

La rédaction constate que malheureusement, les pirates sévissent encore en dépit des menaces procédurières dont ils sont justement l’objet. En conséquence de quoi, la rédaction de Brave Patrie a déposé plainte contre Jean-Louis Masson. Une copie est annexée ci-dessous.

“Monsieur le Procureur de la République,

Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants, prévus et réprimés par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Wesh-wesh.

Jean-Louis Masson est un sale voleur ! Il est vrai qu’il est sénateur, que telle fonction tire son nom du latin “senes” signifiant littéralement “vieux” et que comme chacun sait, les vieux sont enclins à la kleptomanie, mais là, le préjudice est tel que nous ne laisserons pas passer ce qui pourrait être l’œuvre du diable personnifié.

Rendez-vous compte, Monsieur le Procureur, ce sinistre personnage nous a dérobé une idée dont nous pouvons aisément prouver que nous en sommes les pères (et les mères) : il veut fliquer les blogueurs ! Le délit de piratage est flagrant : il est de notoriété publique que seul Brave Patrie peut avoir des idées pareilles. Qui a par exemple proposé que les isoloirs soient supprimés ? Qui a proposé que chaque électeur écrive son nom au dos des bulletins de vote ? Hein ? Qui ? Hein ? Hein ? Hein ?

Abstraction faite de ces généralités, nous pouvons facilement prouver que cette (cependant) brillante tentative de restreindre la liberté d’expression est la propriété de notre publication militante. Nous pouvons citer foultitude de témoins (à part celui qui alternativement jouait avec un couteau puis dormait) pouvant attester que le projet porté par Monsieur Jean-Louis Masson a déjà été évoqué publiquement lors d’un apéro Fafbook meeting secret au bar Le Petit Chat écrasé, Petit Chaton éthéré ou quelque chose du genre, sis rue des Putes à Paris.

Monsieur le Procureur, nous demandons que justice soit faite et que notre travail soit reconnu à sa juste vraie valeur. Ce pourquoi nous portons plainte et nous constituons partie civile. Nous solliciterons des dommages et intérêts pour la modique somme de 1.548.268,21 euros (le FMI est d’accord), que nous utiliserons pour faire de Brave Patrie ce qu’il mérite : un vrai webzine avec des vrais journalistes dedans.

Nous restons à votre entière disposition si vous souhaitez des informations complémentaires.

Dans l’attente nous vous prions d’agréer, Monsieur le Procureur de la République, nos bisous les plus respectueux.

Amen.

La rédaction de Brave Patrie.”

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Billet originellement publié sur Brave Patrie crédit photo CC Flickr Ann Althouse

À lire aussi, chez Rue89 : Les blogueurs répliquent au sénateur qui veut leurs noms

Et si vous avez le courage, plus de 7 minutes d’interview dudit sénateur, réalisée par jcdr

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Le blogueur le plus lu au monde est chinois http://owni.fr/2010/05/04/le-blogueur-le-plus-lu-au-monde-est-chinois/ http://owni.fr/2010/05/04/le-blogueur-le-plus-lu-au-monde-est-chinois/#comments Tue, 04 May 2010 16:07:10 +0000 John Kennedy http://owni.fr/?p=14484 Titre original:

Chine : le blogueur le plus lu et le plus influent

Le fait d’être le blogueur le plus lu dans le monde semble avoir fait de Han Han un candidat pour la liste des cent personnalités les plus influentes en 2010 du magazine américain Time, un choix qui, dans une certaine mesure, n’est probablement pas si étonnant étant donnés les autres prétendants chinois de cette année.

La plateforme de blogs de Han, Sina.com, a traité cette nomination en sujet « vedette » plus tôt dans la semaine, et beaucoup d’autres comme le rival QQ ont consacré un espace [en chinois] au débat sur le degré d’influence de Han. Han lui-même a écrit un billet sur le sujet, traduit ici [en anglais] par Xiao Qiang du China Digital Times :

Je me demande souvent quelle contribution j’ai pu apporter à cette société déjà remplie de mots sensibles ? Peut être qu’en fin de compte, toute ma contribution se résumera à cet autre mot sensible qu’est mon nom. C’est tout. Je me lève tous les jours vers midi, je gaspille souvent de l’argent dans des gadgets numériques, et je suis très difficile sur la nourriture. Dieu merci, je n’ai pas ajouté de fardeau ou de péché à cette société, du moins jusqu’à présent. Je ne suis pas un grand visionnaire, je veux seulement que les départements de référence traitent mieux l’art, la littérature et les médias des nouvelles, afin que lecteurs, auditeurs, public, internautes, habitants urbains et citoyens puissent tous en profiter. Je n’ai pas le talent nécessaire pour écrire de grandes choses, mais d’autres l’ont. Mais vous ne devriez pas censurer les gens ou glorifier ceux qui ont été censurés.

Le blogueur (sur Sina.com) et professeur d’université Xie Yong a cherché à déterminer [en chinois] la source de l’influence perçue de Han :

必须承认,我是韩寒的粉丝,所以,当看到《广州日报》4月5日韩寒进入美国《时代》杂志全球最具影响力候选名单的报道,我实在是有些惊奇:不是惊奇韩寒入选名单,而是惊奇新闻的标题,惊奇新闻标题最后那个有些刺眼的问号。

Je dois admettre que je suis moi-même un fan de Hanhan. Lorsque j’ai lu dans « le quotidien de Canton » le 5 avril que Hanhan allait entrer dans la liste des 100 personnes les plus influentes dans le monde du magazine Time, honnêtement, j’ai été un peu surpris. Non pas qu’il figure dans cette liste, mais surtout du titre de l’article, et du point d’interrogation quelque peu ironique qui le terminait.

我不知道《广州日报》是出于什么考虑,用疑问句的方式书写这个标题,也许他们想要转述部分“网友”的质疑:韩寒什么时候具 有全球影响力了?在这部分网友看来,作为青年作家和赛车手的韩寒,他的名字进入榜单,与世界政治家企业家放在一起,会影响实力榜的“权威性”。可能在这部 分网友眼中,“中国”并非“世界”一部分,这块土地上生活着的十几亿人口,并非“全球”的有效组成,所以,即使韩寒已经成为我们今天最有影响力的青年人, 成为当下“公民”社会的象征,他的影响力也不足以具有“全球”性。或者,只有政治家与经济精英入选《时代》,这位网民心中的权威感才能落实……

Je ne sais pas pourquoi le Quotidien de Canton a utilisé une question comme titre, peut être qu’ils voulaient rapporter les doutes des internautes : depuis quand Hanhan a-t-il une influence internationale ? Du point de vue de ces internautes, le fait que le nom de Hanhan, jeune écrivain et pilote de course, rentre dans une liste aux côtés de politiciens et d’hommes d’affaires du monde pourrait affecter l’ « autorité » de cette liste de pouvoir. Peut-être que du point de vue de ces internautes, la Chine ne fait pas partie du « monde », les quelques centaines de millions d’habitants vivant sur ce bout de terre ne sont pas une composante valable du « monde ». C’est pour cela que, même si Hanhan est devenu l’un des jeunes qui ont le plus d’influence aujourd’hui, ainsi qu’un symbole de notre société actuelle, son influence est encore insuffisante pour être considérée comme « mondiale ». Autrement dit, les internautes de cette trempe ne reconnaîtront l’autorité de cette liste que si elle est composée uniquement d’hommes politiques et de l’élite économique.

实际上,韩寒有没有影响力,在我看来已经基本上不成为“问题”,前不久,张鸣先生在深圳讲演时曾经提出,“现在的中国大学 教授加起来对公众的影响力,赶不上一个韩寒”。这话自然有些情绪色彩,但在某种程度上也算是真相一种。也许,在今天需要进一步思考的是,韩寒的影响力究竟 从何而来?

En fait, de mon point de vue, la question de savoir si Hanhan a ou non une influence ne se pose pas vraiment. Il y a peu de temps, lors d’un discours à Shenzhen, Mr. Zhang Ming a fait remarquer que « l’influence de tous les enseignants d’université chinois réunis n’égalerait pas celle d’un Hanhan ». Ces paroles sont un peu exagérées, mais contiennent une part de vérité. Peut être que la question qu’on devrait se poser aujourd’hui est : d’où vient réellement l’influence de Hanhan ?

很自然,会有一种说法,韩寒没有什么了不起,他说得不过是“常识”,他拥有的不过是俊朗的外表和同样俊朗的文字表达,他之 所以能有今天的“影响力”,是传媒界“炒作”的某种成果:新概念作文让韩寒一夜成名,新浪网让韩寒成了草根名博,然后南方报系让他成了“公民韩寒”,再一 步步进入“世界主流媒体”,成为美国媒体塑造的文化英雄、拥有世界影响力的中国青年……

Naturellement, on peut se dire que Hanhan n’a rien d’extraordinaire, après tout, il ne dit rien que tout le monde ne sache déjà, il n’a rien de plus qu’une belle apparence et une tout aussi belle écriture. L’influence qu’il peut avoir aujourd’hui est donc surtout due au battage médiatique. L’écriture « nouveau concept » a rendu Hanhan célèbre du jour au lendemain, Sina .com en a fait un incontournable de la blogosphère, et enfin le Southern Media Group (Nanfang Baoxi) en a fait le « citoyen Han », puis l’a petit à petit introduit jusqu’aux principaux médias grand public du monde, et transformé en un héros de la culture modelé par les médias américains, un jeune Chinois d’influence mondiale…

微博上面流传有一段十年前的视频,那是韩寒当年参加央视的节目,与“专家学者”,以及某位“品学兼优”的好学生进行对话, 看了当年那个节目,我们不难发现韩寒影响力的真正来源,韩寒领先于他的时代,因为他立足常识,反对体制以及体制为这社会绝大多数人准备的评价体系。而这个 体系一直到今天还在规则者人们的生活。而另一方面,通过那段对话我们不难感觉到,在今天中国,常识是多么稀缺可贵,在现实中要获得常识,不仅仅需要勇气, 更需要智慧。

Une vidéo d’il y a une dizaine d’années circule sur les microblogs. Elle montre Hanhan lors d’une émission de CCTV, participant à une discussion avec un “érudit spécialiste” et un étudiant «remarquable à tous points de vue ». En voyant ce programme, on voit très facilement la source de l’influence de Hanhan. Hanhan est en avance sur son temps, il se base sur le sens commun pour s’opposer au système ainsi qu’aux principes d’évaluation préparés par ce système pour la plupart des gens de cette société. Or, ces mêmes principes continuent jusqu’à aujourd’hui de réguler la vie des gens. De plus, nous pouvons sentir à travers cette vidéo à quel point, dans la Chine d’aujourd’hui, ce sens commun est une qualité rare et précieuse, car il faut pour l’acquérir non seulement du courage, mais encore plus de sagesse.

当然,我们也可以说,韩寒的影响力在某种程度上是时代造就的,不过,这种“造就”是以某种奇妙的方式完成的:当社会造就大 批缺乏常识,心灵扭曲的人们,却又依稀让这些人看到真正世界的时候,当这个社会通过种种方式让我们都跪下又在一定程度上渴望站立,一个站立的,健康的,生 机勃勃的脱离体制并有可能与体制作对韩寒就拥有了影响力。这样看来,韩寒的影响力,不是什么媒体给他们的,更重要的是,他个人奋斗与粉丝如我的双向选择的 结果,是一种“共谋”的产物,而且,只要有体制继续存在,韩寒的影响力就不会衰竭,只要体制继续膨胀,我们内心不断纠结,韩寒的影响力也会继续扩大下去。

Bien sûr, nous pouvons aussi nous dire, dans une certaine mesure, que l’influence de Hanhan est un produit de son temps. Mais ce genre de « produit » a été réalisé de manière admirable : lorsque la société produit en masse des individus manquant cruellement de sens commun et à l’esprit étriqué, tout en leur laissant entrevoir les ombres du monde réel, lorsque la société nous plie, nous met à genoux par tous les moyens possibles tout en nous inspirant un ardent désir de nous redresser, c’est debout, plein de santé et de vie, que Hanhan a pu s’écarter du système, peut être même s’y opposer et être en mesure de l’influencer. De ce point de vue, l’influence de Hanhan ne vient pas de quelconques médias, mais plus certainement d’une sorte de « conspiration » résultant de ses batailles et des choix faits par des fans comme moi. Du reste, tant que le système continuera d’exister, l’influence de Hanhan ne pourra s’épuiser. Tant que le système continuera de s’étendre et la confusion d’envahir nos cœurs, l’influence de Hanhan continuera de s’accroître.

Bien que certaines choses restent à tenter et à définir, l’écrivain sino-américain Wang Boqing est sûr d’une chose :

美国《时代》周刊一年一度的100位“全球最具影响力人物”评选,前天公布了“全球最具影响力人物”的200名候选人名 单,作家韩寒代表中国入选榜单。韩寒对我有影响,不是因为他是作家,这几十年来中国的作家多去了,不管他们自己感觉怎么样,我不看他们的东西,因为作品里 没有东西。所以,我也没看韩寒的作品,他有什么文学作品我也不知道。我被影响不是因为他常发网络言论,网上发言的多去了,从芙蓉姐姐到什么哥哥,忙碌的大 多数谁关心?网络代表啥民意?网络最不代表沉默的大多数。我被影响是因为他一个八零后,关心民间的正义与公平,他敢于表达自己的观点,分析深刻、语言鲜 明,能一下抓住人性和人心。很多 50-70后麻木得连自己的权利都不关心。

韩寒的确有影响,不仅影响了我这个不受影响的人,还正在影响海外的华人。这次回美国,参加朋友聚会,都是定居美国的中国老留学生,唯一谈到的中国人 物是韩寒,大家很注意这个人。我记不清在最近十年那个知识分子被这样关注过。排开幕式的张艺谋?他算吗?那些诺贝尔奖的华人,甲乙丙丁没人知道!科学有 限、思想无敌。

L’hebdomadaire américain Times sélectionne chaque année 100 personnes pour sa liste des « 100 personnes les plus influentes dans le monde ». Avant-hier a été publiée une liste de 200 noms, et l’écrivain Hanhan a été choisi pour y représenter la Chine. Hanhan m’influence, non pas parce qu’il est écrivain, il y a eu de nombreux écrivains chinois ces dernières décennies, et peu importe ce qu’ils peuvent en penser, je ne lis pas leurs œuvres, parce qu’il n’y a rien dedans. Je n’ai donc pas non plus lu les écrits de Hanhan, je n’ai même aucune idée de ce qu’il a pu écrire. Il ne m’influence pas non plus à travers son blog, nombreux sont ceux qui tiennent des blogs, de “grande soeur Fujong” à je ne sais quel “grand frère”, de toute façon, qui a le temps de s’en soucier ? En quoi Internet est-il représentatif de l’opinion publique ? Les personnes les moins représentées sur Internet sont la majorité silencieuse.
Non, ce qui m’influence, c’est qu’un jeunot né dans les années 80 se préoccupe de justice sociale et d’égalité, qu’il ose exprimer son point de vue, avec une analyse profonde, un langage vif, et puisse ainsi gagner la sympathie et le cœur des gens. Beaucoup de gens nés entre 1950 et 1970 sont tellement indifférents qu’ils ne se soucient même pas de leurs propres droits.L’influence effective de Hanhan n’a pas seulement influencé le grand insensible que je suis, mais elle influence également les chinois d’outre-mer. La dernière fois que je suis retourné aux États-Unis, j’ai participé à une réunion entre amis, tous des anciens camarades chinois venus étudier aux États-Unis, et qui s’y sont finalement installés. On ne parlait que de Hanhan, son cas passionnait tout le monde. Je ne me rappelle pas un seul intellectuel ces dix dernières années qui aie suscité autant d’intérêt. Peut être Zhang Yimou, avec la cérémonie d’ouverture des JO ? Ces Chinois d’outre-mer affublés d’un Prix Nobel ? Personne n’en a même entendu parler ! La science a ses limites, la pensée, elle, n’en connait aucune.

Hanhan est peut être à présent considéré comme un dissident, ou le sera s’il monte assez haut avant le 1er mai pour supplanter quelqu’un comme Bo Xilai. Voici un extrait de l’un de ses billets,« lettre d’un inconnu » , daté du 5 avril à 3h du matin, le jour où le Times a publié sa nomination :

我们国家有一个部门,叫做信访办。古代老百姓受了当地官员的冤屈以后,就会上京告御状,运气好的还能拦到当官的轿子,运气 最好的能遇见微服私访的皇帝,这些小概率事件乃是支持整个社会对公平正义向往的精神支柱。到了现代,领导们都换上了好车,不能再用拦轿子的方式自杀了,更 大的领导由于电视曝光率很高,也不能微服私访了,就算下乡,最多也是去一些当地领导特地安排的影视基地,和一些农民艺术家们进行表演,但那都是影帝们在飙 戏,和老百姓的关系不大,信访办是很多遭受了不公正待遇的人们唯一的出路。

Il y a un département dans notre pays qui s’appelle le bureau des pétitions. Autrefois, lorsque les gens du peuple pensaient que leurs droits avaient été bafoués par les autorités, ils devaient aller jusqu’à Pékin pour faire juger leur cas par l’Empereur. S’ils avaient de la chance, ils croisaient le palanquin d’un fonctionnaire et lui barraient la route pour l’arrêter. Ceux qui avaient vraiment beaucoup de chance croisaient l’empereur lui-même, sorti incognito de son palais. Bien que la probabilité que cela arrive soit extrêmement faible, c’est ce qui portait le soutien moral et les espoirs de la société entière en matière d’égalité sociale. Aujourd’hui, les dirigeants ont de grosses voitures, on ne peut plus se jeter dessous, ce serait du suicide. Les dirigeants encore plus haut placés, très exposés par la télévision, ne peuvent plus non plus sortir incognito. Même s’ils se déplacent en province, la plupart iront seulement voir la diffusion d’un film ou un spectacle de paysans artistes organisés spécialement par un dirigeant local. Ils ne sont au final que les acteurs d’un spectacle tourbillonnant qui n’a plus grand-chose à voir avec les gens du peuple, et, dans la plupart des cas, le bureau des pétitions est le seul recours à la portée de ceux qui ont subi des traitements injustes.

当然,很明显,他们想的太天真了,在一个司法不独立的国家,你怎么能指望突然会有一个政府部门为你出头呢,一个小朋友打你 一下,他妈妈骂你一句,他爸爸还揍你一拳,你去他爷爷那里举报他儿子和孙子,你明显是还欠踹你一脚。虽然他们那挑高三十米的办公楼大堂里可能挂着诸如为你 服务等文字,但人家是把这个当书法作品在欣赏,你怎么能把这个误会成人家的行动纲领呢。

Bien sûr, il est clair que les gens sont trop naïfs. Dans un pays où la justice n’est pas indépendante, comment espérer qu’un département du gouvernement se mobilise pour vous ? Si un enfant vous tape, sa mère vous insulte, son père vous frappe, si vous allez ensuite chez le grand-père pour vous plaindre de son fils et de son petit-fils, vous cherchez vraiment à recevoir des coups en plus ! Même si, dans le hall de leurs immeubles de bureaux de 30 mètres de haut sont affichés quelques slogans prétendant qu’ils sont là pour vous aider, ce ne sont en réalité que de belles calligraphies placées là pour décorer les murs, comment avez-vous pu croire qu’il s’agissait de leurs principes de travail ?

于是,在明白了上访乃是自投罗网主动进入黑名单以后,越来越多的人碰壁以后想到了媒体,追求公正就变成了和追求女人一样, 只要搞大了,这事就成了。毫无疑问,中国的媒体人和中国的公务员是有着本质区别的,每个职业都有每个职业的追求和素养,媒体人基本上是有自己的媒体理想和 新闻追求的,虽然他们也不能违反每天下发的禁令,但是只要在他们的能力范围以内,他们都是嫉恶如仇的。再比如车手,职业追求就是开的快,演员,职业追求就 是演的好,但是我始终无法知道公务员们的职业追求是什么,是办公务么。也许他们的职业追求就是好吃好喝,游手好闲,察言观色,见风使舵,最终顺利变成官 员,可以有权有势有灰色收入。恰恰因为他们没有正当的职业追求,所以他们没有职业素养。基本上,上访者在他们眼里都是没有大局观的刁民。

Donc, lorsqu’ils comprennent enfin que ce bureau des pétitions n’est qu’un piège dans lequel ils se jettent et qui les laisse sur une liste noire, de plus en plus de gens, après s’être pris la tête dans le mur, se tournent vers les médias, et se lancent dans une quête de justice comme on cherche à séduire une femme : il suffit que le jeu soit suffisamment spectaculaire pour obtenir ce que l’on veut. Sans aucun doute, il y a une différence fondamentale en Chine entre les gens qui travaillent dans les médias et les fonctionnaires, chaque métier a sa propre culture et ses propres objectifs. Les gens des médias ont fondamentalement leurs propres idéaux concernant les médias et leurs propres aspirations quant aux information, bien qu’ils ne puissent pas non plus tous les jours transgresser les interdits, mais si c’est dans leur domaine de compétences ils lutteront contre le diable jusqu’au bout. Prenons un conducteur, son objectif de travail est de conduire vite, celui d’un acteur de bien jouer, mais je ne vois vraiment pas quel est l’objectif d’un fonctionnaire du service public. Peut être que c’est simplement de bien manger et de bien boire, de mener une vie oisive, de s’adapter à leur interlocuteur, de retourner sa veste quand les circonstances y sont propices, pour finalement obtenir une promotion, du pouvoir et de l’argent. Comme leur travail n’a justement aucun objectif concret, ils n’ont aucune culture particulière. A leurs yeux, les gens qui viennent faire des réclamations sont essentiellement des petits malins qui ne considèrent pas l’intérêt public.

很多受到了不公正待遇的朋友们把我当作了媒体,在杂志的稿件和我每天收到的信中,有不少都是希望我主持正义,帮他们写一 写,让他们的遭遇引起媒体的关注。我每封信都认真的看了,但是我非常的无奈,这些事情在你们家庭的身上是个沉重的负担,但是对于新闻媒体,这已经失去了新 闻价值,我相信就算我为你写一些什么,也不会有传统媒体的关注。而一件事情的解决,往往需要很多传统媒体的帮助才可以,领导才会出来装腔作势的急群众所 急,想群众所想。信中最多的是某个小区交房质量很差,某个小区边上是个垃圾站或者变电站,还有最多的就是我被强拆了。你如果被强拆了,那不是新闻,那是生 活。如果你本人没有烧焦,还能收发邮件,全家老小全部健全,那就是幸福生活,你应该感谢国家。

Beaucoup de personnes qui ont subi des injustices me voient comme un de ces médias, au milieu des articles de magazines et des lettres que je reçois chaque jour, beaucoup ont l’espoir que je soutienne une certaine justice, que j’écrive quelque chose sur leur histoire ou que j’attire l’attention des médias sur eux. Je lis attentivement chacune de ces lettres, mais je n’ai aucune ressource, car bien que ce qui vous arrive soit un fardeau écrasant pour votre famille, pour les médias d’aujourd’hui, cela n’a plus aucune valeur d’information. Je pense que même si j’écris quelque chose pour vous, les médias traditionnels n’y porteraient pas plus d’attention. La résolution d’un seul problème nécessite l’attention de beaucoup de médias traditionnels, pour que les dirigeants sortent et fassent semblant d’avoir les mêmes inquiétudes, les mêmes pensées que le peuple. La plupart des lettres sont à propos de la piètre qualité des bâtiments dans certains petits quartiers ou de déchetteries ou centrales électriques à proximité de leur quartier, les plus nombreuses sont les expulsions. Si vous êtes expulsé, ce n’est pas de l’information, c’est la vie. Si vous n’avez pas été immolé, que vous pouvez toujours envoyer et recevoir du courrier, si votre famille est encore entière et en un seul morceau, estimez vous donc heureux et remerciez votre pays!.

最惨的一封来信来自于一个外地来的朋友,所有的材料都很全,内容是一家人被强拆了,还有人受伤,家里的大部分面积被算成了 违章建筑,他们去北京上访,结果材料被退回到省,省退回到市,市退回到县,县退回到村,然后每逢国家重大节假日,他们一家都被联防队监控起来,以防破坏和 谐气氛。最后他们告到了法院,法院居然受理了。

天哪,法院居然受理了,法院难道不是政府的一个服务机构么,怎么会受理此案呢?我迫不及待了翻到了下一页。

在这一页里,法院居然很快判决了,判决的结果是原本政府要赔受害者二十万的,现在政府只需要赔十万。

La lettre la plus tragique que j’aie reçue venait d’une personne qui n’était pas de Shanghai. Il y avait tous les documents, Sa famille avait été expulsée de force, certains avaient même été blessés. Le terrain sur lequel était bâtie la maison a été déclaré comme « construction illégale ». Ils sont allés à Pékin pour faire une réclamation, mais la réclamation a été renvoyée au niveau provincial, la province l’a renvoyée au niveau régional qui l’a renvoyée au niveau municipal. Depuis, durant chaque période de fêtes, toute la famille est surveillée par la police pour éviter qu’ils « troublent l’esprit harmonieux de la fête ». Ils sont finalement allés au tribunal, qui a accepté leur plainte.
Mon Dieu ! Le tribunal a accepté la plainte? Mais, le tribunal n’est-il pas une institution gouvernementale? Comment a-t-il pu accepter cette plainte ? J’ai fébrilement tourné la page, je brûlais de connaître le fin mot de l’histoire.
Sur cette page, le tribunal a très rapidement jugé l’affaire, et, au final, l’indemnisation de 200 000 Yuans qui devait être versée par le gouvernement a été réduite à la somme de 100 000.

在我收到的这些信件中,我并不能公布的另外一个重要原因是我并没有核实过,但是我个人又没有能力去核实这些。虽然我相信大 部分都是真实的,甚至全部都是真实的,最多就是在艺术上多写了一些对自己有利的内容,但是对事情的大局上并无影响,操蛋的肯定是对方。对于这些需要帮助的 信件,我觉得自己非常的无力。当然,他们并不是希望我能够为他们带来曙光,他们只是在不停的向所有他们能想到的渠道尝试。

Une des principales raisons pour lesquelles je ne peux pas publier les lettres que j’ai reçues est que je n’ai pas vérifié la véracité de leurs propos, ce que je ne suis d’ailleurs pas en mesure de faire. Bien que je croie qu’une grande partie de ces histoires soient vraies, peut-être même toutes, la plupart ont été un peu enjolivées pour être plus à l’avantage du plaignant, mais cela ne change rien au fond, les « méchants » sont forcément ceux d’en face. En ce qui concerne les lettres demandant de l’aide, je suis totalement impuissant. Bien sûr, ils n’espèrent pas que je puisse les sauver ou quoi que ce soit, ils tentent juste toutes les voies de recours auxquelles ils peuvent penser.

Pour en savoir plus sur Hanhan, visitez ces liens :

Wandering China, Novelist Han Han:A City Built on a Heap of Money Won’t Shine

Danwei, Han Han on Google leaving China (billet censuré en Chine)

Article initialement publié sur Global Voices

Illustration CC Flickr par Fenng(dbanotes)
Illustration CC Flickr par Fenng(dbanotes)

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http://owni.fr/2010/05/04/le-blogueur-le-plus-lu-au-monde-est-chinois/feed/ 4
La Russie, une ennemie d’Internet ? http://owni.fr/2010/03/28/la-russie-une-ennemie-dinternet/ http://owni.fr/2010/03/28/la-russie-une-ennemie-dinternet/#comments Sun, 28 Mar 2010 10:59:54 +0000 Gregory Asmolov (traduction Suzanne Lehn) http://owni.fr/?p=11014 3348647713_8a2da0778b

capture-de28099ecran-2010-03-27-a-225307Le degré de liberté de l’Internet russe est matière à débats. Les uns placent la Russie en compagnie de la Chine et de l’Iran sur la liste des “ennemis d’Internet”. Les autres contestent vigoureusement ce genre de généralisation et proclament que l’Internet russe est la sphère publique la plus libérale et la moins contrainte du pays.

Le récent “rapport sur les ennemis d’Internet” de l’ONG internationale Reporters Sans Frontières a tenté de mettre un peu d’ordre quant à la position de la Russie sur l’échelle de la liberté d’Internet. L’organisation a placé ce pays sur la liste des “pays sous surveillance.” Cette position et plus particulièrement la justification donnée par les auteurs du rapport ont suscité discussion et désaccord en Russie.

Le rapport originel affirme :

En Russie, suite au contrôle exercé par le Kremlin sur la majorité des médias, Internet est devenu l’espace d’échange d’informations le plus libre. Mais son indépendance est menacée par des arrestations et poursuites de blogueurs, ainsi que des blocages de sites “extrémistes” qui ne le sont pas toujours. La propagande du régime est de plus en plus présente sur la Toile. Il existe un vrai risque qu’Internet ne se transforme en outil de contrôle politique.

Et de citer une longue liste d’activités en rapport avec l’administration qui ne peuvent passer que pour une limitation de la liberté d’Internet. Parmi ces activités il y a le système de surveillance de la Toile “SORM-2″ qui rend possible la surveillance des contenus en ligne par les services de sécurité. Le rapport a aussi noté le fait que certaines des principales plates-formes de médias sociaux étaient rachetées par des oligarques très proches du pouvoir. “Reporters Sans Frontières” a en outre cité l’affaire du blocage de sites internet d’opposition par le fournisseur d’accès internet WIMAX Yota, les cyber-attaques contre les sites libéraux et les persécutions de blogueurs.

Mais il y a aussi des constatations plus optimistes. Le rapport laisse entendre que “l’Internet est devenu un espace dans lequel les gens peuvent dénoncer la corruption des fonctionnaires russes.” Néanmoins la conclusion est qu’en dépit de cela “l’impact de ces mobilisations en ligne, blogs et nouveaux médias sur la société russe reste relativement limité” et avertit que la censure sur RuNet (l’Internet russe) est susceptible de s’accroître.

Dès la publication du rapport, Radio Free Europe/Radio Liberty, une station financée par le Congrès des États-Unis, a demandé à quelques spécialistes de l’Internet russe de le commenter. Le célèbre blogueur et journaliste Oleg Kozyrev a déclaré [en russe] à RFE/RL:

Мы живем в ситуации, когда любой блогер может стать участником уголовного дела. Но тотального преследования блогеров, конечно, сейчас в России нет. Есть просто эпизодические удары по некоторым гражданским активистам. Я бы разделил ситуацию с блогерами на два типа: собственно преследование государства – силами правоохранительных структур, провластных политических организаций. И когда блоггер подпадает под административные или уголовные правонарушения из-за того, что законодательство его надежно не защитило.

Nous vivons une situation où n’importe quel blogueur peut devenir partie prenante d’un acte criminel. Mais il n’y a pas actuellement de persécution totale des blogueurs en Russie. Il y a simplement quelques coups assénés épisodiquement à des activistes citoyens. Je diviserais la situation des blogueurs en deux séries de cas : la persécution par le gouvernement avec l’aide des structures de maintien de l’ordre et la situation où un blogueur tombe sous le coup d’infractions administratives ou criminelles parce que la législation ne l’a pas protégé efficacement.

Le directeur exécutif de l’agence “Réseaux sociaux” Denis Terehov s’inscrit en faux [en russe] contre l’idée de censure sur RuNet :

О какой цензуре можно вести речь, если на сегодняшний день в Рунете есть 60 млн. аккаунтов сети в “Контакте”, 50 млн. аккаунтов в “Одноклассниках” и 2 млн. дневников в “Лайф Джорнале”. Кто кого контролирует? Кто кому не дает писать? Мы же не в Китае, где цензурируют “Гугл”. Мы же не в Казахстане, где отключили “Лайф Джорнал”. Никто никому не запрещает писать, объяснять свою позицию.

De quelle censure parle-t-on alors qu’il y a 60 millions de comptes sur Vkontakte.ru, 50 millions sur Odnoklassniki.ru et deux millions de journaux en ligne sur Livejournal ? Qui empêche qui que ce soit d’écrire ? Nous ne sommes pas en Chine où ils censurent Google. Nous ne sommes pas au Kazakhstan où ils ont fermé Livejournal. Personne n’interdit à qui que ce soit d’écrire et d’exprimer sa position.

Le président de la “Fondation pour la protection de la liberté de parole” Alexeï Simonov souligne [en russe] la différence entre Internet et les médias traditionnels russes, où les rédacteurs en chefs et les journalistes savent d’avance ce qu’ils ne sont pas autorisés à dire :

Что касается Интернета, то там цензуры не может быть. Цензура – это предварительный просмотр перед публикацией. Но ведь невозможно предварительно посмотреть, например, блог, верно? Вопрос не в том, чтобы не дать этому выйти, а в том, чтобы наказать за то, что уже вышло. А это уже называется по-другому.

En ce qui concerne Internet, il ne peut y avoir aucune censure. La censure, c’est une analyse préliminaire avant la publication. Mais il est pour sûr impossible d’examiner préventivement un blog, pas vrai ? Il ne s’agit pas d’empêcher quelque chose d’être publié, mais de punir pour quelque chose qui l’a déjà été. Et ça porte un autre nom.

“La plus étonnante collection de mythes et de légendes sur RuNet”

Quoi qu’il en soit, au-delà de la discussion si l’Internet russe est censuré ou pas, la façon dont cette affirmation a été justifiée par le rapport sur les “Ennemis d’Internet” a suscité quelques débats et discussions. Alexander Amzin,spécialiste d’Internet à la principale agence d’information en ligne russe Lenta.ru a écrit un article contestant la plupart des faits cités dans le chapitre sur la Russie du rapport de “Reporters sans Frontières”.

A.Amzin écrit [en russe]

Эти шесть страниц – самое удивительное собрание мифов и легенд Рунета последних нескольких лет.

Ces six pages sont la plus étonnante collection de mythes et de légendes sur RuNet de ces quelques dernières années.

Selon Alexander Amzin, certains des faits cités dans le rapport sont connus de longue date. Ainsi, le système SORM-2 fonctionne depuis 2000 et il n’est pas clairement prouvé qu’il ait été à l’origine de la moindre action répressive. En outre, A. Amzin rappelle que la plupart des pays dans le monde ont des systèmes de contrôle du trafic. Autre fait ancien, l’achat de Livejournal par un oligarque russe proche du Kremlin. Il n’y a pas non plus de preuve évidente que cela ait eu un effet sur la liberté d’expression sur la plateforme de blogs la plus populaire du pays.

Alexander Amzin rappelle aussi que le blocage de sites web par l’hébergeur Yota s’étendait à des sites gouvernementaux. Il note que les développements ultérieurs de cet incident ont montré que ce blocage ne résultait pas de la censure mais d’un problème technique. Le spécialiste de Lenta.ru souligne que Vadim Tcharouchev, qui a été interné contre sa volonté dans un hôpital psychiatrique n’était pas le créateur du réseau social VKontakte.ru, comme l’affirme le rapport, mais un militant des réseaux sociaux. A. Amzin conteste également l’affirmation que la loi russe autorise les autorités à intercepter des données sur la Toile sans mandat judiciaire préalable.

Ce qui a le plus indigné Alexander Amzin, c’est l’affirmation du rapport sur un groupe appelé la “Brigade”, composé de gens qui postent des commentaires pro-gouvernementaux (dont certains le feraient contre paiement).

К сожалению, аналитикам “Репортеров без границ” никто не объяснил, что “бригада” является городской легендой Рунета. Говорят, что у всех популярных блогеров есть куратор в органах. Говорят, что все патриоты сидят на зарплате. Говорят, что власти специально организуют распределенные атаки на оппозиционные сервера. Все это слухи одного порядка, для критического анализа которых достаточно бритвы Хэнлона

Malheureusement, personne n’a expliqué aux analystes de “Reporters sans Frontières” que “la brigade” est une légende urbaine de RuNet. On dit que chaque blogueur populaire a un curateur dans les organes [de sécurité]. On dit que tous les patriotes sont payés. On dit que les autorités organisent spécialement des attaques par déni de service contre les serveurs informatiques de l’opposition. Tout cela, ce sont des rumeurs du même acabit, pour l’analyse critique desquelles il suffit d’utiliser le Rasoir de Hanlon («Ne jamais attribuer à la malignité ce que la stupidité suffit à expliquer» ).

Alexander Amzin écrit aussi que l’affirmation selon laquelle la mobilisation en ligne se borne à RuNet ignore la réalité. Cependant, il y a un point qui rencontre l’accord de l’expert russe :

Может создаться впечатление, что отчет состоит из одних ошибок. Это не так. Серьезная часть документа занимает ровно одну страницу. Там перечислены блогеры, которые за свои высказывания понесли уголовную ответственность или просто стали фигурантами уголовных дел. Блогеров действительно сажают, и это действительно очень плохо.

On peut en retirer l’impression que le rapport est entièrement erroné. Ce n’est pas le cas. Il y a une partie sérieuse de ce document qui tient en une page. C’est une liste de blogueurs qui pour leurs opinions ont fait l’objet de poursuites criminelles ou sont simplement passés en procès. Des blogueurs sont certes emprisonnés et certes, c’est très mauvais.

L’article d’A. Amzin a aussi soulevé un débat parmi les utilisateurs de RuNet. Certains ont affirmé que A. Amzin lui-même fait preuve d’un patriotisme exagéré et ont cité des anecdotes très récentes qui avaient fait monter la méfiance envers la zone RuNet, dont la fermeture des sites Torrents.ru et Ifolder.ru. On peut aussi rappeler l’affaire de la fermeture de l’index des blogs Yandex qui a fait disparaître l’une des plates-formes les plus influentes pour un ordre alternatif de l’information sur RuNet.

L’un des commentaires de la critique d’A. Amzin, conteste toutefois [en russe] l’affirmation que la “Brigade” n’est qu’une légende urbaine :

Тролли есть. Все сайты где обсуждается наше родное дерьмо валят тупыми однотипными комментами с целью свести обсуждение на банальные оскорбления. И за это начисляется зарплата. И есть кураторы. Автор, Вы не из них? Истеричное выдергивание ошибок списка “врагов интернета” выдается как необъективность всего списка. Автор считает, что “Репортеры без границ” не в состоянии мониторить инфу про Рунет?

Il y a des trolls. Tous les sites où notre population discute de notre merde débordent de commentaires stupides du même genre ayant pour but de réduire la discussion à des insultes ordinaires. Et pour cela il y a un salaire versé. Et il y a des curateurs. Auteur, êtes-vous un de ceux-là ? La tentative hystérique de liste d’erreurs des “ennemis d’Internet” est présentée comme une preuve du manque d’objectivité du chapitre entier. L’auteur considère-t-il que “Reporters sans Frontières” n’est pas capable de vérifier l’information sur RuNet ?

La polémique sur le chapitre russe des “ennemis d’Internet” du rapport accentue le caractère hautement complexe de la réalité dans le segment russe de l’Internet. Les questions de la nature de l’engagement des pouvoirs publics, de la censure et des limites à la liberté d’expression n’ont pas de réponse simple. RuNet est nécessairement sous surveillance. Inclure la Russie dans la liste des pays préoccupants est certainement justifié. Mais il y faut aussi une approche prudente, capable de distinguer le mythe des faits, essayer d’examiner la complexité, et bannir l’approche “en noir et blanc” qui classe certains procédés comme preuves d’une action répressive de la part des autorités.

Billet initialement publié sur Global Voices

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Les VPN, les nouvelles “concessions” de liberté en Chine sur le Net http://owni.fr/2010/03/17/les-vpn-les-nouvelles-concessions-de-liberte-en-chine-sur-le-net/ http://owni.fr/2010/03/17/les-vpn-les-nouvelles-concessions-de-liberte-en-chine-sur-le-net/#comments Wed, 17 Mar 2010 09:13:02 +0000 Martinez Garcia http://owni.fr/?p=10225 china

Voici un article de Michael Anti (Zhao Jing) , blogueur chinois, fervent défenseur de la liberté d’expression dans les pays asiatiques. Il s’exprime ici sur la Chine virtuelle. Son article a été repris le 16 mars 2010 par le site du quotidien espagnol El Mundo et est traduit ci-dessous par mes soins. Il ne fait pas que dénoncer la situation, il explique comment et pourquoi elle n’est pas désespérée.

Lu Xun est un écrivain chinois majeur du XXème siècle. Il a vécu pendant neuf ans à Shanghai. La ville était alors répartie entre différentes concessions étrangères. L’Espagne, et onze autres pays occidentaux occupaient alors les lieux. Ces concessions permettaient à des progressistes comme Lu Xu de jouir d’une liberté d’expression, peu habituelle à cette époque chaotique. Ces concessions étaient donc des exceptions de liberté.

Aujourd’hui, nous savons que Google désire se retirer du marché chinois, ou plutôt que le groupe souhaite arrêter de s’autocensurer et mettre en place un moteur de recherche non filtré. De ce fait, il est indéniable que cela donnera lieu à la création d’un système de surveillance du net plus radical encore, le Grand « Coupe-feu », et la connexion à Internet se stoppera lors d’une recherche de sujets sensibles tels que Hu Jintao, Tian An Men ou encore dalaï-lama.

Toutefois, de nombreux internautes chinois se réunissent sur Twitter, bloqué en Chine depuis juin dernier, et espèrent que Google se retirera de façon officielle rapidement. Puisqu’il leur est désormais possible d’accéder à un Google non censuré sans que leur connexion se coupe, pourquoi pleureraient-ils la perte de google.cn ?

En Chine, les habitants n’ont pas accès à Facebook, Twitter, Youtube ou d’autres services interactifs intéressant et UGC (user generated content). Le régime tient à contrôler toute l’information, mais le web 2.0 est trop rapide et trop vaste pour que les censeurs parviennent à tout superviser. Et à la manière de leurs rivaux de la Chine ancienne, ils empêchent les citoyens de manifester leur désaccord.

Tout comme Lu Xun vivait dans les concessions étrangères, de nombreux internautes chinois utilisent aujourd’hui le Virtual Private Network (VPN), un accès sécurisé à des ordinateurs à distance. C’est donc un réseau virtuel s’appuyant sur un autre réseau et permettant ainsi un accès libre à Internet.

J’ai moi-même obtenu deux VPN (entre 25 et 40$ chacun). Le second ne me sert que de copie, de sécurité si le premier plante. De nombreux VPN et proxies ont déjà été supprimés par le Grand Couvre-feu chinois. Les autorités hésitent à le faire également pour les VPN commerciaux mais les cinq cents membres de Fortune, à Shanghai, en ont besoin pour les affaires et les expatriés les utilisent pour communiquer avec leur famille à l’autre bout du monde. Sans ces VPN, la Chine serait comme un désert informatif dans lequel les étrangers ne pourraient pas respirer, et donc vivre. Et si les communistes détestent la liberté d’expression, ils adorent le marché mondial.

De cette façon, grâce à ces hommes d’affaire et les émigrés, je profite d’internet librement avec ces concessions que sont devenues les VPN. Elles sont les exceptions de la censure chinoise. Beaucoup d’internautes les utilisent pour obtenir des infos qu’ils diffusent ensuite sur les sites chinois comme Sina, Youku, Tudou,…

Aujourd’hui, j’ai tweeté: « Ceux qui n’auront pas utilisé de VPN, seront des citoyens de seconde catégorie dans cette société de l’information parce qu’un abîme s’est ouvert entre le web des VPN et celui censuré » Cela signifie que la majorité des jeunes Chinois font partie de cette tragédie.

Doit-on avoir peur de la croissance de la Chine ? Non. Mais seulement en partie. Je ne pas que ceux qui vivent avec la censure d’Internet puissent innover et donc s’engager dans la création d’un grand futur. Mais ceux à qui on a lavé le cerveau, notamment par cette censure, pourraient avoir des idées et des opinions partiales sur le monde libre.

Je devrais remercier Google. Son action courageuse, même si elle semble stupide, est aussi un appel visant à réveiller les internautes chinois. Un d’eux a posté un commentaire après une propagande anti-Google : « Google, je t’en prie, va-t-en le plus loin possible mais n’oublie pas de m’emmener avec toi »

Google-bye, je te salue de la concession VPN en Chine. J’espère que c’est un au revoir temporaire avant de mieux nous retrouver.

> Article original : VPN, las ‘concesiones’ de libertad en Internet contra la censura en China

> A ce propos, lire aussi l’article du Soir : Le Cinquième pouvoir aux cyber-citoyens !

> Michael Anti : http://twitter.com/mranti

Billet initialement publié sur le blog d’Anaïs Martinez sous le titre “Les VPN, nouvelles concessions chinoises”

Image Pip_Wilson sur Flickr

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“Twitter est une drogue dure pour les journalistes” http://owni.fr/2010/03/16/twitter-est-une-drogue-dure-pour-les-journalistes/ http://owni.fr/2010/03/16/twitter-est-une-drogue-dure-pour-les-journalistes/#comments Tue, 16 Mar 2010 10:33:36 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=10138 Un rail de tweet ? Photo Foxtongue sur Flickr

Un rail de tweet ? Photo Foxtongue sur Flickr

“Est-ce que bloguer c’est tromper ?” : quand Nicolas Celic, lui-même blogueur et grand utilisateur de Twitter m’a proposé une interview tournant autour de cette question à la Thierry Ardisson, j’ai accepté sans hésiter. L’occasion d’expliquer un peu mon travail de journaliste-blogueur et de faire un bilan après six mois d’expérience tout en évoquant l’impact des nouveaux médias sociaux sur mon métier.

Twitter est en train de nous transformer en véritables junkies de l’info, bloguer c’est de l’esclavage consenti… Morceaux choisis de cet échange initialement publié sur le blog SmallTalk de l’agence 3D Communication.

Quel est l’impact des “nouveaux médias” (blogs, Twitter, agrégateurs etc…) sur vos habitudes de journaliste ?

L’explosion des médias sociaux et l’avènement de l’Internet temps réel c’est avant tout une formidable accélération pour les journalistes : nous sommes soumis à une avalanche d’infos… ou d’intox qu’il faut analyser, hiérarchiser, classer, décider de traiter ou non. Avec Facebook, Twitter, les blogs tout le monde devient producteur ou relais d’informations : notre métier c’est plus que jamais faire le filtre, le médiateur pour raconter la bonne histoire, interagir avec les lecteurs qui risquent de perdre le fil et le sens de l’actualité. L’info sur le Net est terriblement redondante et en même temps, on ne sait plus ou donner de la tête.

Pour exister dans ce flux, le journaliste doit beaucoup plus qu’hier vérifier ce qu’on lui raconte, mieux angler ses papiers, soigner l’écriture, raconter l’histoire qu’on n’a pas vu ailleurs et bien sûr sortir de vraies infos. Avec le numérique qui fait de la presse une sidérurgie 2.0, l’imprimé qui devient peu à peu obsolète, le journalisme doit aussi faire sa révolution. C’est très darwinien : évoluer, intégrer les nouvelles technologies ou mourir…

Twitter : un ami, un concurrent, une perte de temps ?

Une drogue dure ! Un journaliste du “New Yorker” a écrit un papier qui a fait le tour de la blogosphère : “Twitter is like crack for media addicts”. Je confirme. J’ai toujours un œil sur Twitter sur mon PC au journal ou chez moi, sur mon iPhone dans le métro ou au resto, du matin au soir. Mes collègues et ma famille hallucinent. Quand je pars en vacances il me faut bien deux-trois jours pour décrocher ;-) Twitter a fait passer l’info à l’ère du temps réel, c’est sans retour.

Mais avec un peu d’organisation et de recul, on peut s’en faire un formidable allié pour choisir et filtrer ses sources, s’en servir comme d’une vigie. Twitter est devenu presque plus important pour moi que les fils AFP ou Reuters car je sais qui m’alerte et quelle est sa crédibilité. On arrive assez bien à faire le tri entre l’info et la rumeur en 140 signes et il y a des articles ou des billets de blogs que je n’aurais jamais vu sans Twitter. C’est une véritable moissonneuse à liens qui a fait passer la collecte de l’info sur Internet à l’ère industrielle !
Enfin et ce n’est pas rien à l’heure où les vieux médias vacillent, Twitter est aussi un formidable accélérateur pour diffuser ses articles, faire connaître son travail, ou en chercher. Le” journaliste marque” je n’y croyais pas, ça me rebutait culturellement. Mais là encore on y vient, car les lecteurs sont demandeurs : sur Internet, ils suivent des médias mais aussi des journalistes et des blogueurs qui deviennent eux-aussi des micro-médias.

Le blog : “une révélation”

Votre blog : Un choix ? Une contrainte ? Quelle liberté dans sa ligne éditoriale ?

Une révélation. Je fais quelque chose de nouveau tous les trois ans : du quotidien, du magazine, de l’encadrement. Ça m’est tombé dessus tout d’un coup en septembre 2009 : j’avais besoin d’écrire plus freestyle, dépasser le cadre traditionnel du journal et de la rubrique high-tech/médias que je dirige. Sur mon blog, je peux essayer des tas de choses : billets d’humeur, papiers moins économiques et plus sociétaux, reportages, portraits, business stories, chroniques culturelles, débat d’idées… avec une plume forcément plus personnelle et un peu plus déliée. Je suis le metteur en scène de mon info, pour la titraille, l’illustration et surtout je n’ai pas de contrainte de place ! Contrairement à ce qu’on raconte sur Internet, il ne faut pas forcément écrire court pour être lu : il faut essayer d’écrire mieux, raconter une histoire, toucher le lecteur…

Pour ce qui est la liberté éditoriale, je ne me pose pas trop de questions tant que mon info est sérieuse, recoupée, validée. pas de rumeurs bullshit, pas de mise en cause personnelle gratuite…Comme blogueur, je ne travaille pas différemment que quand je suis journaliste aux “Échos”. Mais c’est vrai qu’en tant que citoyen-blogueur, je me permets un peu plus de donner mon avis. De toute façon, l’objectivité journalistique n’existe pas, seule compte l’honnêteté ou ce qui s’en rapproche…

Faut-il être schizophrène pour mener de front une vie de journaliste et un blog ?

Complètement schizo ! Mais j’essaie de cloisonner : à la rédac’ j’ai des responsabilités alors je pense collectif, quand je blogue je joue forcément perso. J’ai l’hémisphère droit qui pense journal et le gauche blog… sans arrière pensées ;-) Je réserve mes infos exclusives aux “Échos” qui m’emploie, et mes humeurs à Mon écran radar. Et j’écris mes billets chez moi tôt le matin avant d’aller travailler, tard le soir ou le week-end dans la mesure où ce blog ne fait pas (encore ?) partie de mes missions au journal…

Quelles sont les réactions au sein de votre rédaction depuis que vous avez lancé ce blog ?

Disons que je passe sans doute pour un drôle d’oiseau car je suis l’un des premiers journalistes à avoir lancé son blog perso aux “Échos”. Un journal, c’est un travail d’équipe mené par une collection d’égos qui se manifestent plus ou moins. Quand quelqu’un sort du rang et devient un peu son propre média, ça peut déranger certains. Mais j’ai eu bien plus d’encouragements que de reproches. Et les journalistes sentent bien aujourd’hui que c’est dans le numérique que ça se passe.

Quel est votre rapport avec vos lecteurs depuis que vous bloguez ?

J’ai enfin trouvé ce contact avec le lecteur que je recherchais depuis vingt ans : les gens réagissent, vous engueulent ou vous félicitent. Il faut répondre, argumenter. Interagir ça aide aussi à apprendre encore, à corriger ses erreurs, à améliorer un billet, à revenir sur l’info…

Ce blog dans cinq ans ? Un jouet cassé, votre activité principale, un joli souvenir ?

Mon activité principale je pense, mais sous une autre forme plus collective : je verrais bien ce blog s’ouvrir, devenir un agrégateur d’infos et de contributions. Sur Mon écran radar pourrait devenir “Sur Notre écran radar”, une sorte de réseau social journalistique que je dirigerai tel un despote éclairé ;-)

Dernière question : de quelle personnalité, vivante ou disparue, contemporaine ou non, aimeriez-vous lire le blog ?

Sans hésitation aucune : Hunter S. Thompson, l’inventeur du “gonzo journalisme”, pour sa plume hallucinée, sauvage et totalement libre. Il utilisait certaines substances pour libérer son écriture mais c’était surtout un rebelle et un poète à la fois dans sa manière de travailler. il se définissait lui-même comme journaliste et hors-la-loi ! Cela a plus de gueule que “forçats de l’info” ou ou “OS du Web” non ? Thompson est surtout connu pour l’adaptation cinématographique de “Fear and Loathing in Las Vegas” (Las Vegas Parano) mais il a écrit des textes formidables plus proches du roman journalistique que du journalisme à la chaîne que l’on connaît aujourd’hui. Il est mort en 2005 mais je rêverai de savoir ce qu’il penserait de notre époque et de son actualité.

> Billet initialement publié sur Mon écran radar

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Nous, les salopards socio-capitalistes http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/ http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/#comments Wed, 25 Nov 2009 14:15:29 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=5706

Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on Enchaîne?
Ohé! Partisans, ouvriers et paysans c’est l’alarme.
Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

Entamer un blog post sur un extrait du chant des partisans, c’est bien ? C’est suffisamment cliché ? On comprend que je suis un de ces @lesinternautes dont le lobby puissant dit du mal des sites en flash, des nominations de rejeton, des billets sponsorisés, mais la ferme total sur les misères du monde, les violeurs récidivistes et les saligauds en tous genres. @Pressecitron dirait: un paquet de Grandes Gueules Petit Zizi IRL. Et il n’aurait pas tout à fait tort.

Il y a des fois des hasards du web dont on a envie de s’emparer pour écrire. La même semaine, je tombe sur un billet de http://www.presse-citron.net/ rappelant les conditions d’utilisation du bon billet sponso, une attaque maline de http://www.deuxcons.com/ sur les bloggeurs influents, et une boulette de chroniqueur musical pour Benzine me force à défendre mes positions de bloggeur même pas influent pour ma part. Même pas vraiment bloggeur en fait.

1) Nous ne sommes pas des enfants de choeur

Chers annonceurs, chers attachés de presse, chers community managers (nouveau terme à la mode de la blogosphère). Nous ne sommes pas ou plus des enfants de choeur. Il y a bien longtemps que nous avons troqué notre barbe en broussaille, nos pulls trop longs d’étudiants de lettre, et même nos idéaux libertaires pour entrer dans le vrai monde. Nous aussi nous galérons avec nos fins de mois, nos Assedics, notre travailler plus pour gagner moins etc. etc. Nous avons une position privilégiée. Nous avons une connexion internet #sisi, un goût pour la no-life et pour la plupart des passions personnelles que nous mettons en avant. Nous ne sommes pas uniques, nous ne sommes pas M. Internaute facilement rangeable dans un tiroir schématique. Certains ont même décidé de vivre de leur passion numérique, et faire de leur blog un moyen de gagner leur vie d’adulte, de père. Inch’ Allah. D’autres hésitent à franchir le pas. Certains enfin, se tâtent entre passion dominicale et professionnalisme pour trouver la limite philosophique. Mais tous, tous, nous sommes vénaux.Enfin quand je dis vénaux, je dis “achetables”. Enfin quand je dis achetables, je dis que nous accordons un “prix” à certaines choses. Imposables ou non.

Il y a bien longtemps que nous avons compris que le temps que nous investissons dans nos magazine, nos blogs, notre présence en ligne a une valeur. Vous l’avez peut-être même compris avant nous. Vous aviez peur, nous étions vierges et effarouchés. Il y a bien longtemps que nous nous sommes rendu compte que la passion numérique peut être valorisée comme toute les autres passions productivistes. Comme le bidouilleur de voitures antiques qui fournit les cortèges de mariage, comme le photographe amateur qui professionnalise certains de ses shoots ou le cuistot du samedi qui joue au chef pour des proches. Il y a bien longtemps que nous ne prenons plus le clavier uniquement comme on chausserait ses crampons pour jouer dans l’équipe de foot de Chalmaison deux fois par semaine.

On nous parle de formation continue. On s’est formé. Et nous continuons chaque jour, soir, nuit, comme l’armée de Fight Club. On nous parle de marketing des réseaux sociaux, OK on cherche à comprendre comment ils fonctionnent, comment notre passion peut se servir des gadgeto-trouvailles de l’atelier.fr. On nous parle de crise, et d’obligation pour les annonceurs de repenser leur dépenses: on se dit que peut-être il est temps pour nous de prouver notre valeur; de canaliser une peu de leur pensée nouvelle. Nous ne sommes plus uniquement des “bloggeurs du dimanche”. Nous ne sommes pas journalistes non (je dis ça parce qu’après l’industrie culturelle c’est les journaleux qui risquent de nous attaquer au prétexte d’une crise de valeurs). Nous ne sommes pas marketeux non, berk c’est sale. Nous sommes juste “en ligne”, prenons la parole pour ne rien dire en retwittant @jeanlucr @Narvic et @Vinvin et nous rendons compte que cette parole, en fait elle a aussi, un prix.

1) Le personal branding

@fbrahimi et @egadenne vous expliqueront mieux que moi l’avènement de ces “noms propres du web”. les @gonzague et @HenryMichel qui existent en ligne comme d’autres dans la vie réelle. Certains d’entre nous représentent une même une communauté de lecteurs (@Zara c’est ici que je peux te citer). Qu’on photographie du Côte d’Or sur http://www.kreature.be et c’est un chocolatier qui soigne son image sociale. Que Nokia fournisse un N97 à http://www.mobileenfrance.com et c’est un blogeur qui en promeut l’usage (enfin si Nokia m’entend…). Nous ne sommes pas dupes. Nous connaissons le prix d’une campagne de pub IRL, même une numérique. Nous savons que nos lecteurs représentent des consommateurs et qu’au final c’est le CPA (coût d’acquisition client) qui vous intéresse. Il ne vous manque guère d’ailleurs que quelques métriques efficaces pour que nous soyons rhabillés par Adidas sur nos Twitpic influents, que je reçoive le dernier Iphone (appel du pied bis), ou que @journaldutrek parte en vacances à l’oeil, enfin selon les rumeurs. Nos blogs, ou nos identités sont devenus des marques. Comme les vôtres l’étaient. Comme Le Monde est une Marque, Libé, Slate, Electron libre sont des marques à leur coeur défendant et comme la régie de TF1 une marque. Avec plusieurs avantages: nous ne coûtons pas encore très cher dans vos campagnes, et s’attirer les bonnes grâces d’une communauté c’est autant attirer l’oeil sur un nouveau produit que faire de l’entretien d’enseigne. Le joaillier Timmermans en Belgique vient de l’apprendre à ses dépends.

2) Le rapport temps c’est de l’argent

Nous avons des familles. Nous essayons de garder des moitiés, des salaires fixes, souvent, en parallèles de nos activités de bloggeurs et de fans des réseaux sociaux. #sisi. Une inscription de base chez #OVH me côute 15€. J’ajoute une bonne 20taine pour les noms de domaine à l’année…Je poste en moyenne 7 “objets” vers les chroniqueurs chaque mois, pour un coût postal moyen de trois euros/envoi. Si je me déplace pour découvrir un produit, je paie ma place de métro. Je viens de perdre mon travail. D’autres n’en ont pas. Si je devais comparer ma passion numérique au club de foot de Chalmaison… Je pense que j’aurais rangé les crampons et résilié mon abonnement. Je serais devenu gros. Ca tombe bien je le suis déjà. Nous savons combien se facture une journée de RP, nous connaissons le prix d’une simple campagne de mailing. Oui nous aussi, nous avons une vraie vie mature en dehors du web. Nous savons que le temps c’est de l’argent. Nous savons la valeur des choses.

Mais nous ne sommes pas des requins. Pas encore. Nous savons que nous flottons à la limite entre plaisir personnel, savoir-faire et marketing. Alors nous prenons des heures, des nuits, à rédiger des billets sur vos produits, vos expériences. Oui, bien sûr nous les aimons. Nous sommes vos premiers consommateurs. Vous nous avez conquis. Ca c’était à la base votre boulot.

Mais nous n’oublions pas que notre passion est aussi un travail. Le vôtre aujourd’hui. Et pragmatiques, si nous ne pouvons pas travailler plus pour gagner plus, au moins pouvons-nous peut-être travailler plus pour dépenser moins. Continuer à compter parmi vos consommateurs, sans devoir prendre un prêt chez Cetelem ou Sofinco. Un espèce de donnant donnant. Vous participez à la concrétisation de notre plaisir? Ok nous vous rendons la monnaie de votre pièce. Vous travaillez pour nous, nous travaillons pour vous. Nous donnons notre temps, et certains du talent, vous nous donnez des produits ou des passe-droits.

Puis, parce que les étudiants barbus et démerdards continuent à vivre quelque part au fond de nos têtes, nous pratiquons nous aussi le partage et la bidouille. A l’ancienne. Nous donnons des cadeaux reçus aux femmes de nos vies, nous troquons sur les réseaux idoines les produits pourris que vous voudriez nous faire aimer, nous échangeons pour payer l’hébergement de nos sites, le prix des timbres le passe Navigo pour nous rendre à vos happenings. Certains en font une véritable économie additionnelle à leurs rentrées mensuelles et imposables. D’autres jouent les vide-greniers numériques du dimanche: un tiens pour un demi tu l’auras.

Ne nous la faites pas sainte-Nitouche. Au fond de vous vous le savez. Mieux, vous en vivez. Sérieusement, vous pensez que tous les blogs perso des ados ont la qualité de celle de @nathansoret ? Sérieusement, vaut-il mieux que nous jouions les jongleurs, que vous nous identifiiez rapidement et que nous nouions une relation de confiance productiviste pour vous et nous? Ou que, poussés par la famine les problèmes familiaux et la disette économique, nous soyons forcés de fermer les sites que vous avez identifiés utiles à vos démarches, et que vous soyez chaque jour obligé de remettre à plat vos bases de données commerciales au gré de l’ouverture/fermeture des Bloggers et Skyblogs? L’un dans l’autre… nous y gagnons tous les deux. Connaissons-nous, sachons-le.

Oui certes, ces pratiques remettent parfois en cause la linéarité des processus de vente à l’ancienne, oui parfois nous commettrons des impairs, oui parfois aussi vos commanditaires auront l’impression de financer leur propre perte. Ne nous trompons pas de cible. Le monde change, ce qu’on vend aussi. Les modes de consommation sont remis en question, les usages promotionnels aussi, la notoriété des marques aussi. Certains parmi vous, parmi nous resteront sur le carreau. C’est un monde difficile. Nous ne l’avons pas créé, nous l’utilisons. Nous tentons d’y faire entendre notre voix. Ne vous leurrez pas nous sommes plus louveteaux que colombes. Mais au fond allez, vous le savez.

3) Le billet sponsorisé

Arlesienne des blogs, le billet sponsorisé fait plus parler les bloggeurs que les marchands. Les marchands se posent plutôt des questions sur 1) et 2). N’empêche le “naaaan t’as-vu c’est horrible je suis sur que Korben et Vinz ont été payés pour dire ça, c’est pas possible…”  “ouh le billet sponsorisé c’est mal….” ou encore “dois-je me lancer ou pas” ou encore “naaan j’ose pas”. Fichtredieu. Mais oh c’est pas parce qu’on ne veut pas forcément d’une Rolex à cinquante balais qu’on crache sur la bière du soir quand on nous l’offre sur un plateau.

Apprenez à démêler le bon grain de l’ivraie, pardi. Soyez malins. Oui Il y a des blogs uniquement dédiés aux marques. Je connais même des agences marketing dont le boulot est de créer des faux blogs super bien référencés dans les moteurs de recherche. Dont le seul but est de contrecarrer un “bombing” ou une mauvaise presse. Oui c’est mal. Ca c’est mal. Ca fait penser aux méthodes d’intoxication des masses par l’armée ennemie. C’est du billet sponsorisé. Mais ce n’est pas du billet sponsorisé. Ailleurs on appelerait ça un Canada Dry Numérique. Ca a la couleur de, mais ce n’est pas un… Amis internautes, vous apprenez à vous méfier du fishing? Bien apprenez à découvrir un site qui fait pareil. Pour cela c’est facile. Parlez à vos amis. Identifiez vos copains numériques et vos copains IRL en numériques. Demandez leur avis etc. Démerdez-vous pour ne pas tomber dans le panneau. Pour le reste vous comprendrez rapidement qui sont vos copains testeurs de produit.

Amis adeptes du billet sponsorisé, grand bien vous fasse. Vous savez. Vous comprenez. Vous connaissez le web social et ses règles impitoyables. Vous savez qu’en vous camouflant, il y aura toujours deux cons pour débouler à la vitesse du twit et venir chambouler votre belle image d’intouchabilité numérique, votre vertu chevaleresque de testeur de produit sans peur et sans reproche.

Irréprochable. Billet-sponsorisétomanes soyez irréprochables. Quand on vous donne un produit, pour le tester, dites-le. Quand vous allez à l’oeil à une soirée, dites-le. Quand vous recevez un petit biffeton pour parler d’un clavier ou d’une souris, signalez-le (ah et aussi comme ils disent dans la pub > déclarez-le aux impôts). Oui je sais, je sais… c’est dur de jongler dans la meute… Si vous criez trop fort que vous recevez les disques que vous chroniquez, y’a toutes les chances qu’un plus geek que vous arrive à monter un plus beau site, mieux référencé, plus connecté avec plus d’amis… et que votre gloire ne dure qu’une pouillème sur le wall de la célébrité numérique. Mais bon. Tant pis.

Soyez punks. Ne soyez pas fous. Prenez des risques. Soyez entreprenant, entrepreneurs, voire auto-entrepreneurs… Mais je sais que je prêche plein de convaincus. Vous avez passé des mois, voire des années à fédérer des gens autour de votre nom, de votre blog… vous n’allez pas risquer de tout perdre en essayant de tout cacher… Avouez, partagez, faites parler… Dites-vous que de toutes façons y’aura toujours quelq’un pour vous piéger dans le cas contraire. Pensez aux trolls que vous avez appris à gérer sur vos blogs. Un mal nécessaire. Vous avez cessé de leur répondre? Bien… Soyez suffisamment transparents que pour qu’on pige de quoi il retourne quand vous prenez la plume. Le lecrteur comprendra. Ou pas. Mais on s’en moque, le sujet n’est pas là. On ne peut pas plaire à tout le monde de toutes façons. Dites-vous que l’annonceur recherche de la visibilité.

A vous de gérer ça en fonction de votre courbe de croissance blogienne. Où en ête-vous dans la vie de votre propre marque, de votre propre marque ? Phase d’acquisition de lectorat, de territoire > Ok balancez de temps à autres un petit post sponso ne fait pas de mal, tant qu’il ne cannibalise pas l’essence de votre site, tant que le lecteur lambda peut venir faire un tour pour autre chose. Phase de statbilisation> Prenez de l’assurance. Jouez avec le rapport gain/ perte de lectorat à chaque blog sponsorisé. Positionnez votre marque personnelle sur l’échiquier du marketing, jouez un peu avec le feu, jusqu’où aller trop loin sans se faire le coup d’Icare (le mythe par le chanteur). Ceci procure une légère pointe de jouissance, anwa vous allez pouvoir commencer à exprimer votre avis sur un produit sponsorisé, dans un billet, sans que personne ne vous engueule, sans que le RP vienne vous sonner les cloches derrière. Phase Star> jouez à Octave dans 99F c’est le moment de flamber. Recevez des produits dont vous ne parlez pas. Dites du mal de produits qu’on vous paie pour encenser. Ne répondez qu’aux produits qui vous tentent le plus ou par esprit de contradiction. C’est un jeu. Et vous êtes en train de le gagner…. Ou pas. Et faites la nique au détracteurs, aux jaloux et aux envieux. Vous profitez de tout et de tout le monde, mais vous ne trompez personne. C’est-y pas là le but ultime de tout socio-capitaliste. Se sentir un gros privilégié, un nanti, un parvenu au dessus des autres… mais conserver une putain de probité intellectuelle qu’on loue dans les salons 2.0 parisiens et d’ailleurs.

4) En conclusion

Rêvez. Mais ne vous enflammez pas trop. C’est un jeu, mais comme dans le monde y’a personne qui gagne vraiment à la fin. Ah oui parce que j’ai oublié de vous dire… Etre un influenceur cador du marketing 2.0 et de la captation de système de promotion contemporain… ca reste quand même un sacré mythe. C’est bien beau de se taper une PS3 ou un Asus 1005ha-h (appel du pied) à l’oeil… ben vous savez quoi… c’est quand même toujours le taf IRL qui fournit le beefsteack à la gamine. C’est toujours la compétence plutôt que la notoriété qui ramène le gras. Et puis faut que je vous dise… Quand t’as passé tes what mille heures à “produire” ton identité numérique, à te goinfrer au passage de cette nouvelle économie numérique… ben t’es jamais sûr que ton “personal branding” il plait autant à tes proches qu’à toi… Et au final le socio-capitaliste… Il a intérêt à inventer le concept du “c’est super de vivre tout seul avec un cable USB dans le cul”, parce que sinon, il risque bien de se rendre compte que son indentité numérique c’est presque un taf aussi chouette que H&M et France Télécom.

Allez amitiés 2.0. Pour ce que ça vaut … ]]> http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/feed/ 1 Un blogueur à l’ombre : Viêt-Nam et libertés : une antithèse ? http://owni.fr/2009/08/31/un-blogueur-a-l%e2%80%99ombre-viet-nam-libertes-numeriques-prison-pirates/ http://owni.fr/2009/08/31/un-blogueur-a-l%e2%80%99ombre-viet-nam-libertes-numeriques-prison-pirates/#comments Mon, 31 Aug 2009 13:25:32 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=3032 Quand le web 2.0 a permis à la blogosphère d’exploser plus encore, tout le monde y a vite vu un avantage majeur : l’esprit d’ouverture et bien sûr la liberté d’expression. On peut remarquer qu’il y règne souvent cet esprit de revendication, d’autonomie, de franchise que nombre d’entre-nous revendiquent comme un principe immuable voire un contre-pouvoir.

On y débat, pense, revendique, mais la question se pose de savoir si toute chose peut-être dite en ligne sur nos blogs…

Visiblement non. Au Viêt-Nam, un blogueur vient d’en faire l’amère expérience. .. En Chine, les exemples sont légion …  En France, pas encore …

Cependant, si l’on est un peu attentif à ce qui circule, aux appels à « résister » face à Hadopi ou à Loppsi, aux fichiers de la DGA, la vigilance qui s’en est suivie ne me laisse pas de penser que c’est ici à une nouvelle forme de désobéissance civile que nous assistons. Le réseau des pirates dont je suis l’un des 13000 signataires ne dira pas le contraire (http://reseaudespirates.org/ )

Pour le moment la blogoshère est libre…. Cela va-t-il durer ?

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Le Viêt-Nam, qui n’est pas réputé pour être la plus éclairée des démocraties sur notre planète  vient de donner un coup de massue aux blogueurs en enchristant Bui Thanh Hieu, connu sous le pseudo de Nguoi Buon Gio lorsqu’il poste en ligne ses remarques sur le régime de son pays, ses énervements, ses revendications, ses dénonciations.

Le motif de son arrestation et de sa mise à l’ombre ont le mérite d’être clairs : un article mis en ligne critiquant une potentielle implantation de mines de bauxite au Viêt-Nam. Si Hollywood ne l’avait pas déjà inventé, le régime délicat de Hanoï l’aurait fait : le blogueur fut interpellé au nom de la sécurité nationale…. Alors que tout le monde, même les militaires, c’est dire… dénonce ce projet au nom du respect de l’environnement…. Et l’armée, les intellectuels, de poursuivre en évoquant le risque majeur de la mainmise chinoise sur une partie des équipements vietnamiens…. A la vue de l’actualité, le risque est devenu quasiment réel…

Quand bien même le projet de ces mines faisait débat, était pour le moins soumis à quelques réserves, Bui Thanh Hieu s’est contenté d’en dénoncer les abus, de vilipender le régime lors  de l’arrestation d’un avocat (Le Cong Dinh) qui avait fait de l’arrêt du projet un de ses chevaux de bataille mais qui surtout militait pour les Droits de l’Homme.

La communauté internationale suit le dossier de cet avocat bien connu par Amnesty et le régime en place, à l’instar des pratiques des proches voisins rouges, pourrait juger cet avocat pour propagande contre le régime. Si la démocratie ne les étouffe pas, les motifs spécieux d’accusation ne rehausseront pas le niveau de crédibilité d’un régime auquel peu de gens malheureusement portent intérêt. Les touristes qui ne voient pas grand-chose du pays, les quelques jolies images de cartes postales dans Koh-Lanta et les images d’Epinal ne doivent pas faire oublier que le régime en place n’est pas des plus tendres avec les libertés fondamentales. On parle certes de l’avocat bientôt condamné mais d’autres militants pro-démocratie seront aussi enchaîné au banc des accusés.

De plus, voici une dizaine de jour, c’est un autre blogueur qui avait été viré de son journal pour avoir eu l’indécence d’écrire un papier allant à l’encontre des idées surannées toujours  partiellement en place au Viêt-Nam et remontant à feue l’URSS …

Si le blog est une des nombreuses facettes de la démocratie participative, elle permet aussi de mieux pister les militants, et au-delà toutes les personnes engagées dans de nombreux combats sociaux.

Gageons que notre liberté soit garantie en dépit des restrictions légales qui tendent à se mettre en place un peu partout en Europe, l’Owni s’en est souvent fait l’écho.

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