OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Établissements de réinsertion scolaire: silence dans les rangs http://owni.fr/2011/07/20/etablissements-de-reinsertion-scolaire-silence-dans-les-rangs/ http://owni.fr/2011/07/20/etablissements-de-reinsertion-scolaire-silence-dans-les-rangs/#comments Wed, 20 Jul 2011 13:00:41 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=71971

Décidément, les ERS (établissements de réinsertion scolaire) sont un sujet sensible. En novembre dernier, Rue89 titrait « Chut ! L’Education nationale ne communique pas sur les ERS ». Contacté par OWNI afin de faire un bilan chiffré précis, le ministère de l’Éducation nationale, en la personne d’une attachée de presse revêche mal réveillée, nous a répondu :

Apparemment, vous n’allez pas sur le site du ministère. Il y a une page avec toutes les informations, mise à jour en mars.

Opendata, qu’ils disaient. En guise de bilan, le ministère fournit à ce jour simplement la liste des établissements et un résumé de la circulaire. En se fendant au passage d’un petit mensonge : « La consultation et l’accord de l’élève et de sa famille sont nécessaires. » Ce qui contredit la circulaire encadrant le fonctionnement des ERS : l’accord est certes « nécessaire », mais s’il « ne peut être obtenu, une saisine du procureur peut être engagée par l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Éducation nationale » pour décider du placement.

EducScol, le site du ministère pour les professionnels de l’éducation, n’est guère plus généreux :

La création d’une vingtaine d’ERS est demandée pour l’année scolaire 2010-2011. Les ERS accueillent pendant un an au moins un effectif global de 15 à 30 élèves, âgés de 13 à 16 ans, issus des classes de 5e, 4e et 3e.

Faire le bilan de cette première année d’expérimentation de classe pour élèves difficiles avec des informations parcellaires de mi-parcours, même Gérard Majax ne saurait résoudre ce tour de passe-passe. Et de nous renvoyer aux académies concernées.

Incidents à répétition

Les ERS, c’est l’histoire d’une expérimentation montée à la va-vite, sans concertation, dans la foulée des Etats généraux sur la violence à l’école de 2010. La circulaire a été publiée au JO au milieu de l’été, c’est dire… Le projet suscite d’emblée des critiques de la part du milieu éducatif. Au programme, des effectifs très réduits, un taux d’encadrement élevé, l’internat et un programme mixant cours le matin et activités diverses l’après-midi dont une bonne dose de sport. Le coût du programme, 15.000 euros par élève soit deux fois plus qu’un élève dans un cursus classique, et autant qu’un élève de classe préparatoire aux grandes écoles, fait aussi frémir, dans un contexte de réduction budgétaire : c’est déshabiller Paul pour habiller Pierre, reprochent certains en substance.

Le premier établissement ouvre dans le département des Alpes-Maritimes, présidé par un partisan de la droite sécuritaire, le député UMP Eric Ciotti. Dix autres suivront, et dans un certain nombre d’entre eux, on est loin des Jolies colonies de vacances.

Ainsi, des élèves de Seine-Saint-Denis sont envoyés à Craon dans la Mayenne. Croisant « à la suite d’une erreur d’organisation » des collégiens en route pour la cantine, raconte Le Parisien, ils sortent les poings. Ils seront exclus… Les professeurs demanderont même la fermeture de l’ERS. À Portbail, dans la Manche, une expérience similaire tourne aussi court. L’ensemble des huit pensionnaires, aussi venus du 93, sont exclus après avoir semé la pagaille dans le village. À Nanterre, les professeurs se mettent en grève pour protester contre la mise en place de l’ERS.

En novembre, Luc Chatel fait le point. S’il concède que le dispositif est perfectible, annonçant trois pistes d’amélioration, le dispositif en lui-même n’est pas remis en cause. La liste des établissements est fournie, chose naguère refusée, ainsi que les effectifs, avec un prévisionnel le cas échéant. Curieusement, le site de l’Education nationale n’affiche à l’heure actuelle que la liste des établissements, et non les effectifs…

Et au dernier rapport d’étape, en mars, donc, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, reportage à l’appui :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Puisqu’il n’est pas possible d’obtenir un bilan au terme de cette première année, OWNI s’en est chargé. Où l’on retient surtout que la communication reste aléatoire, en fonction de la réussite apparente de chaque établissement. Apparente, car, comme le rappelait Emmanuel Davidenkoff, il est prématuré de juger la réussite d’un projet de réinsertion scolaire à si court terme, qui arrive après d’autres dispositifs de ce type (classe-relais, SEGPA, etc) :

Réinsérer socialement oui, scolairement, c’est très rare. Toutes les études montrent que le retour dans le circuit scolaire reste l’exception.

Communication minimale

Dans un certain nombre d’ERS, nous n’avons pas eu de retour de l’inspection d’académie, et il a fallu faire avec les articles parus dans la presse locale le plus souvent pour se faire une idée, le cas échéant :

  • du collège Haute-Bruche à Schirmeck : pas de réponse aux sollicitations
  • du collège Paul Fort, rattaché au collège Pierre et Marie Curie à Dreux, où l’on a essuyé un « refus de communiquer à la presse ».
  • de l’internat scolaire Mauchamp à Verney : pas de réponse aux sollicitations.
  • des établissements rattachées à la Seine-Saint-Denis, collège Fenelon à Vaujours et ERS externalisés dans la Mayenne et la Manche, collège Volney à Craon (Mayenne) et centre PEP Elie Monboisse à Port-Bail (Manche) : pas de réponse aux sollicitations.

Concernant ce dernier, on apprend sur maville.com qu’il a été réouvert en décembre avec un taux d’encadrement renforcé et des effectifs réduits : « aujourd’hui l’effectif n’est plus que de 3 élèves, l’un des jeunes ayant été renvoyé, et le nombre d’adultes est passé à 11 : “2 enseignants, 4 assistants d’éducation, 3 volontaires service civique, 1 coordonnateur et le directeur”. » Et l’objectif était de « mettr[e] un élève supplémentaire chaque mois », « et en tout état de cause le nombre d’élèves “ne dépassera pas dix”. » Silence sur le coût de l’opération.

Sur les huit pensionnaires du collège Jean Monnet de Bagnères-de-Luchon, ouvert début novembre 2010, « deux d’entre eux sont aussitôt repartis. Le premier a été exclu pour avoir « perturbé » le groupe. Le second a demandé à quitter la structure », rapportait Rue89. « Ouvert comme 11 autres établissements de ce type en France après les vacances de la Toussaint de cette rentrée scolaire, l’établissement de réinsertion scolaire (ESR) de Luchon a eu un peu de mal à démarrer. Mais aujourd’hui, il fait référence », indiquait La Dépêche du Midi, sans donner davantage de détails.

Paradoxalement, quelques mois après ce commentaire laudatif du journal local, l’inspection d’académie nous a répondu ainsi :

L’académie de Toulouse a expérimenté le dispositif des établissements de réinsertion scolaire. Après quelques mois de fonctionnement (ouverture de l’établissement en cours d’année scolaire), il nous semble prématuré de tirer des conclusions. Chaque élève étant unique les équipes sont désormais tournées vers la rentrée scolaire 2011-2012 et la mise en place d’une pédagogie au service de la réussite et de la réinsertion des élèves de l’académie qui intègreront le collège. Nous ne souhaitons pas donner d’autre suite à votre demande.

Après la grève initiale, l’ERS du collège Jean Perrin de Nanterre a de nouveau un peu fait parler de lui dans la presse en mai. En cause, un stage militaire qui a tourné au fiasco. Un document de l’académie annonce que « tous les déplacements se feront au pas cadencé » (sic). Dans les faits, rapporte Le Parisien, « cette semaine placée sous le signe de l’autorité s’est finalement révélée très tendue. Au point que la hiérarchie militaire a décidé de ne pas la médiatiser plus que cela. Peu désireuse que cette opération soit considérée comme un fiasco, la Grande Muette s’est montrée peu loquace. Selon nos informations, le stage a été marqué par des altercations à répétition et une hostilité ouverte à l’égard des encadrants militaires. [...] Pas forcément formés à une pédagogie de pointe, les militaires se trouvaient donc limités dans leurs moyens de coercition. Impossible de leur imposer les traditionnelles séries de pompes en cas de manquement à l’autorité. “L’Éducation nationale a sans doute compté sur nous pour les mater…” résume un militaire avec amertume. Raté !»

Nous n’avons pas eu de retour de l’inspection d’académie. L’Humanité a eu plus de chance apparemment. Son état des lieux est éloquent : « Stage militaire qui vire au fiasco, absentéisme, mise à l’index des élèves décrocheurs… [...] Marianne Auxenfans, responsable du Snes-FSU des Hauts-de-Seine [...] regrette aussi que l’ERS ait achevé son année scolaire sans être doté d’une véritable équipe pédagogique. [...] Neuf mois après son ouverture, aucun projet pédagogique n’a été présenté au conseil d’administration du collège », etc.

Quant aux résultats qu’on nous a fournis, sous couvert d’anonymat, ils sont très mauvais : « Il y a eu une montée en puissance, avec quinze élèves inscrits cette année au final, mais quatre ne sont jamais venus. Sur les onze restants, cinq ou six étaient absents de façon perlée chaque jour. Concernant les résultats à l’examen, le brevet D.P.6, trois sont venus à une épreuve sur les trois qu’il compte, deux ont assisté à deux épreuves. De toute façon, il n’y a pas eu de contrôle continu. Il me semble qu’un élève redoublera dans une troisième générale, sinon, ils seront orientés en CFA. » Le dispositif devrait être reconduit.

Bilan a priori présentable

Le collège Jean-Baptiste Rusca à Saint-Dalmas-de-Tende s’est montré disert dans la presse locale, fort de son bilan a priori présentable. Nice-Matin détaille ainsi qu’«en grande difficulté à leur arrivée, 13 des 19 élèves ayant fréquenté l’ERS de Saint-Dalmas-de-Tende vont retrouver une scolarité “ordinaire”. [...] Le dispositif sera reconduit l’an prochain à l’identique. Il y a eu, bien sûr, des échecs. Des jeunes ont quitté très vite l’ERS pour ne pas avoir pu s’adapter aux conditions de l’internat. Ils ont depuis été réorientés vers d’autres filières. En tout cas, pas de quoi remettre en cause cette expérience. » On n’en saura pas pas plus sur le nombre de jeunes qui ont quitté l’établissement.

Contacté, l’inspection d’académie nous a transmis le numéro de téléphone de la proviseure de l’établissement… qui nous a envoyé baladé :

C’est au rectorat de donner l’autorisation de communiquer.

Bonne surprise en Lozère : nous avons eu un retour rapide et poli de l’inspecteur d’académie, M. François Lacan. Il dresse un bilan positif de cette première année. « Nous n’avons pas été pris de cours car nous avons déjà cette culture. Nous sommes un petit collège de campagne habitué à recevoir des élèves en difficulté issus de milieu urbain. » (( lire Témoignages et présentation de projets éducatifs )) Sur les 20 élèves, la majorité préfèrent rester dans cet environnement l’année prochaine. Le dispositif sera reconduit à la rentrée prochaine, avec 15 élèves au lieu de 12 cette année (on se demande d’où vient le chiffre de 20 annoncé en novembre).

Pas de réponse non plus dans le Val d’Oise. Le bilan semble bon si l’on s’en tient à cet article paru dans La Vie :

« le lycée Saint-Jean est placé sous tutelle des Apprentis d’Auteuil, une fondation spécialisée dans l’accueil d’élèves en difficulté. Surtout, le directeur a imposé deux conditions qui ne figuraient pas dans le cahier des charges du ministère : que les jeunes soient volontaires pour suivre ce programme, “afin d’accompagner au mieux leurs besoins et leurs projets”, et qu’ils partagent les mêmes lieux de vie que les autres lycéens, “cantine et internat compris”.

À Craon, au contraire, tout était fait pour que jeunes de l’ERS et collégiens ne se croisent pas : l’internat et les salles de classe de l’ERS étaient aménagés à l’étage d’un bâtiment, les jeunes n’en sortant que pour les repas, à des horaires décalés. “Le jour de leur arrivée, on les a fait passer par la porte de derrière, raconte Maryline Buggin. Il est évident qu’ils se sont sentis stigmatisés, exclus.” »

Tiens, tiens, la clé de la réussite serait-elle d’avoir un projet réfléchi, au sein de structures spécialisées, soit le contraire de ce qu’a fait le ministère ?

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Enseignement en Europe: à chacun son rythme http://owni.fr/2011/07/09/enseignement-en-europe-a-chacun-son-rythme/ http://owni.fr/2011/07/09/enseignement-en-europe-a-chacun-son-rythme/#comments Sat, 09 Jul 2011 15:15:20 +0000 F. Tixier, F. Therin et C. Cornet http://owni.fr/?p=72948 Le rapport a été rendu lundi au Ministre de l’Éducation nationale. Bilan d’une année de réflexion, les propositions du comité de pilotage sur les rythmes scolaires se veulent globalement plus respectueuses des enfants et des adolescents, ce que les enseignants et le monde médical approuvent.

Visant une meilleure répartition de la charge de travail pour les enfants, ses conclusions préconisent d’abandonner la semaine de 4 jours et de raccourcir les vacances d’été au profit des petites vacances. Ce qui ressort également est l’instauration d’un “bloc” plus cohérent du CP à la cinquième, avec pour objectif de faciliter l’adaptation des élèves à l’entrée au collège.

1 – Changement de rythme

La mesure principale qui ressort du rapport est la fin de la semaine de quatre jours, instaurée dans les écoles primaires avec la réforme de 2008. Elle se révèle être un échec cuisant car en inadéquation totale avec le rythme des enfants. Les élèves de primaire vont de nouveau passer à une semaine de 4 jours et demi, soit neuf demies journées de cours, avec une plage horaire supplémentaire le mercredi ou le samedi, suivant les écoles.

Le nombre de jours d’enseignement passera ainsi de 144 à 190 pour les classes du CP au CM2. Le volume hebdomadaire d’heures d’enseignement serait quant à lui réduit d’une heure (23 heures) pour les élèves jusqu’à la deuxième année de collège.

2 – Réorganisation de la journée

Conséquence directe de la fin de la semaine de quatre jours, l’égalisation des rythmes entre l’école primaire et le collège. Le comité de pilotage propose en outre un temps d’apprentissage journalier réduit (4 heures pour les CP/CE1, 5 heures pour le reste de la primaire et 6 heures en 6ème et en 5ème) sur une plage horaire commune de 8h30 à 17h00 du CP à la 5ème, avec pour but de faciliter la transition avec le collège.

L’accompagnement des élèves (heures de soutien) serait également généralisé, quel que soit le niveau de l’enfant. Côté pratique, la pause déjeuner ne devrait pas être inférieure à 1h30 pour les primaires et les collèges.

3 – Vacances scolaires

Grande révolution introduite par le comité, la réduction des sacro-saintes vacances estivales. Le projet est de les réduire de 15 jours et de mettre en place 3 zones, comme pour les petites vacances, avec une période commune du 13 juillet au 16 août. Le but est de construire une année plus régulière en passant de 36 à 38 semaines de cours entrecoupées toutes les 7 à 8 semaines de 15 jours de vacances (4 périodes sur l’année). Cette réduction des vacances d’été figure déjà dans le projet présidentiel du PS.

À l’Éducation Nationale, on assure que “ce rapport et ses pistes vont servir de base“. Le Ministre a indiqué qu’il allait prendre les remarques en considération en ouvrant une discussion avec les enseignants, les collectivités et les professionnels du tourisme avant de légiférer sur la question. Cela a beau être les vacances, les écoliers n’en ont pas fini avec les classes…

Les Pays-Bas, bon élève

Aux Pays-Bas, pays où le nombre d’heures d’enseignement est le plus élevé chez les 7-11 ans, on ne rigole pas avec l’école. Dès le premier jour du mois suivant son 5ème anniversaire, chaque petit Néerlandais est tenu d’aller en classe à plein temps. Dans les faits, la quasi totalité des enfants sont déjà scolarisés dès 4 ans (99%). Jusqu’à leur 16 ans, ils ont pour obligation d’aller à l’école 200 jours par an, d’août à juin, cinq jours par semaine avec généralement le mercredi après-midi de libre.

Cette rigueur semble porter ses fruits puisqu’au dernier classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des étudiants) qui mesure les compétences acquises par les élèves en lecture, mathématiques et sciences, les Pays-Bas arrivent en deuxième position des pays européens.

Harmonisation des systèmes allemands

En Allemagne, les vacances sont bien différentes de celles qui existent en France, dans la mesure où chaque Land dispose ainsi de son propre calendrier. Il y a ainsi 16 zones différentes. De manière générale, les enfants sont en congé une semaine pendant l’hiver (l’équivalent de notre février), 10 jours à Pâques, une dizaine de jours en juin, deux semaines en été, une semaine en octobre et une semaine à Noël. Ces vacances assez “réduites” sont dues au fait que l’école se termine souvent en tout début d’après midi.

Le modèle est toutefois critiqué, non sur le calendrier des vacances, mais plutôt sur le système des lycées où les étudiants sont séparés en 3 niveaux différents en fonction de leurs résultats avec une sélection dès l’âge de 11 ans. Cela ne permet pas aux enfants en difficultés d’échapper à un écrémage pas toujours représentatif, et il est en plus très difficile de passer d’une école modeste aux “lycées d’élites”, les Gymnasium.

Ce système a permis d’alimenter une filière d’apprentissage très efficace, mais ne favorise en rien l’ascension sociale. Aujourd’hui encore, le lycée (Gymnasium) est la voie des futurs universitaires et ingénieurs, la Realschule, celle des techniciens supérieurs et la Hauptschule, celle des ouvriers, qualifiés ou non.

L’étude PISA publiée en 2001 avait classé l’Allemagne en 21ème position sur 31 pays analysés, créant une polémique dans le pays. Le Chancelier Schröder présenta ainsi l’année suivante un plan de 4,3 milliards d’euros destiné à permettre le passage à l’école à plein temps.

En 2003, les Länder et le gouvernement fédéral ont aussi créé un Institut pour le développement de la qualité dans le système éducatif (IQB). Celui-ci a défini pour la première fois de vrais standards nationaux en mathématiques, allemand et langues étrangères.

Enfin, chaque Land a commencé à réformer son propre système, en fonction de ses moyens financiers. À Berlin, les maternelles ont été dotées d’un vrai programme éducatif et les écoles primaires se transforment peu à peu en école à plein temps. Les cours de langues étrangères débutent dès le CM1 et depuis 2007, tous les lycéens passent le même baccalauréat. Au dernier classement PISA, l’Allemagne était remontée à la 16ème place, juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.

La très studieuse Italie

Pour les élèves italiens l’arrivée de l’été est la première réelle occasion de souffler un peu ! Si l’Italie détient le record européen pour la longueur des vacances estivales qui atteignent 14 semaines, les élèves italiens de l’élémentaire sont aussi ceux qui restent assis sur les bancs de l’école le plus longtemps et à un rythme très soutenu pendant toute l’année.

Pas de Toussaint, pas de vacances de février, mis à part deux jours pour le Carnaval, et pas de vacances de Pâques !

Les jeunes Italiens des écoles primaires et élémentaires restent en moyenne pendant 973,5 heures par an à l’école, réparties sur un total de plus de 200 jours. En Italie plus qu’ailleurs, l’été est donc véritablement synonyme de liberté pour les petites têtes blondes.

Dérégulation prévue du système anglais

En Angleterre, l’année scolaire s’étend sur 190 jours, de septembre à juin, avec cinq journées par semaine de 9h00 à 16h00 environ, selon les matières. Le samedi, certaines matières optionnelles, comme notamment le sport, peuvent avoir lieu. Chaque établissement est par ailleurs libre d’organiser la journée à sa convenance.
Mais le nouveau gouvernement veut aller encore plus loin et prépare d’importantes réformes. Il encourage tout d’abord les écoles à sortir du système public pour pouvoir décider, dans une certaine mesure, elles-mêmes du contenu des cours, des horaires et des matières tant qu’elles enseignent au moins 190 jours par an. Une sorte de dérégularisation du système scolaire.
Le ministre de l’Éducation Michael Gove veut également modifier totalement les heures de cours du système général : de 7h30 à 17h30 chaque jour de la semaine avec toujours la possibilité d’ouverture le samedi matin pour les options.Il projette aussi ajouter deux semaines de cours à chaque trimestre, soit un total de 40 semaines de cours par an. Les plus jeunes auraient donc une année cumulée de cours de plus tous les cinq ans.
Les professeurs s’opposent majoritairement à cette mesure : ils travaillent déjà beaucoup chaque semaine et estiment qu’une telle surcharge de cours mettrait le niveau de leur cours en péril. Quantité ne signifie pas qualité. Ils rappellent également que les écoles sont souvent utilisées après la classe pour des activités annexes qui ne pourraient pas être repoussées à plus tard. Par ailleurs, le soleil se couchant tôt en hiver, les parents d’élèves s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants, qui rentreraient en pleine nuit.

Billet initialement publié sur MyEurop

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale Ninha Morandini

]]> http://owni.fr/2011/07/09/enseignement-en-europe-a-chacun-son-rythme/feed/ 2 Le mépris thatchérien de Sarkozy face aux manifs http://owni.fr/2010/10/20/le-mepris-thatcherien-de-sarkozy-face-aux-manifs/ http://owni.fr/2010/10/20/le-mepris-thatcherien-de-sarkozy-face-aux-manifs/#comments Wed, 20 Oct 2010 11:12:49 +0000 Vogelsong http://owni.fr/?p=32267 Titre original : Nicolas Sarkozy et les retraites, l’instant Thatcher ?

« La guerre c’est la paix » G.Orwell – 1984

Que pèse la survie du système de répartition dans le combat qui l’oppose à la volonté forcenée de conserver le pouvoir ? Ce Graal politique, objet de toutes les tactiques, et nécessitant la mise sous tension du pays dans son ensemble. La crispation sur les retraites illustre parfaitement le basculement des termes socio-économiques qui régissent l’espace public. La France avec 30 ans de décalage vit un instant Thatcher infligé par une droite vidée de sa substance républicaine, ne répondant plus que par réflexes conditionnés au péril du peuple. Celui qui renâcle à passer sous la toise du modèle global de la compétition économique totale. Celui qui bat le pavé, harnaché de pancartes, grimé de slogans, qui quémande, à force de blocages et en dissipant une énergie infinie, l’ouverture d’un dialogue. Un simple dialogue.

La France de 2010, après trois années de complète apnée, mais aussi d’oubli d’elle-même se retrouve. Un peu. Non pas pour marcher vers le progrès, mais pour endiguer le mépris et le cynisme. Dans une épreuve de force asymétrique. Où il n’y a rien à gagner, juste s’épargner l’inconcevable. Rien à gagner, à part, peut être l’opportunité d’exister.

L’instant Thatcher

En 1984, les mineurs anglais commençaient un conflit qui finira, l’année suivante, brisé sur l’inflexibilité de la Dame de fer. La même année, étrangement, la droite française organisait l’une des plus grandes manifestations du pays. En réponse à la loi Savary, tout ce qu’il y a de conservateur en France faisait débonder les boulevards parisiens en passant la barre du million de personnes.

Face à face durant les grandes grèves des mineurs de 1984-1985.

N. Sarkozy n’est pas M. Thatcher. La France n’est pas le Royaume-Uni, pourtant sur quelques points, apparaissent des similitudes. On observe de manière saillante à chaque fois la volonté d’humilier l’autre, les autres. En France N.Sarkozy en fait une question politique, une condition sine qua non pour souder son camp en vue des présidentielles de 2012. La question économique agitée comme prétexte, celle de l’obligation de réformer s’avère finalement accessoire. Bien que sur toutes les ondes, les dictaphones de l’UMP tournent en boucle sur l’impérieuse nécessité du projet. De ce projet. Il n’y a aucune alternative, aucun dialogue.

Ce n’est pas sans rappeler le leitmotiv thatchérien, le TINA préalable à toute décision politique. L. M. Chatel par exemple déclarait sentencieux et définitif « la réforme des retraites n’est pas une option ». En substance, tout ce que fait le gouvernement n’est ni un choix, ni une alternative, ni le fruit d’une vision politique, mais la seule et unique solution à un problème donné. Quel qu’il soit. L’annihilation du débat, le blanc seing technocratique comme seul horizon politique. Pourtant loin de la neutralité présupposée, le projet de réforme s’inscrit dans une dynamique de libéralisation économique. Option dogmatique que beaucoup de commentateurs dénient à N. Sarkozy.

Le mouvement immobile du pouvoir

L’affirmation que F. Fillon Premier ministre se situe dans la mouvance politique de la droite sociale suffirait certainement à englober l’absurdité de la situation. Tout devient possible avec le langage. On substitue la vérité par une affirmation que l’on renomme vérité. On fabrique des artefacts que l’on jette quand ils ne servent plus. Le 18 octobre 2010, le ministre des Transports déclarait qu’il n’y avait pas de pénurie d’hydrocarbures. De manière débonnaire, avec la sûreté qui sied à la vérité profonde. Alors que dans le monde physique des dizaines stations-services versaient leurs dernières gouttes d’essences.

Photo prise lors de la manifestation du 16 octobre 2010.

Mêmes affabulations dans les rapports chiffrés du taux de grévistes. Une communication bien planifiée dans la perspective de saper les volontés. Briser la conscience commune de participer à la même action. Dans une unité qui s’affranchit de l’espace pour atteindre un objet collectif. Face à cela, on essaie de déployer une rationalité numérique. La froide sentence qui quantifie l’échec. À la seule condition que les trains roulent. Mais la poisse, ils ne roulent pas. Ou très mal.

L’opinion, construction éthérée nécessaire au consentement, trahit ses maîtres. Jusqu’en mai 2010, le gouvernement s’appuyait sur le concept pour vendre son projet. Depuis, plus aucune référence. Une géométrie variable que l’on constate aussi sur l’attitude vis-à-vis de la mobilisation des lycéens. Pas assez matures pour montrer leur désaccord dans la rue, mais assez pour devenir auto-entrepreneurs. Pas assez responsables pour s’occuper de la retraite, mais à 13 ans assez âgés pour être pénalement responsables.

Les mineurs anglais ont mis un an à crever. Sans rien obtenir, mais surtout en perdant toute crédibilité. Plus que le projet de fermeture des mines, M. Thatcher* a humilié un monde. Terrassant l’infâme ennemie ouvriériste. Le mouvement social en France ne s’éternisera pas, mais la même tournure d’esprit habite la droite. Éradiquer la contestation, la mettre à genou, pour démontrer à la manière « gramscienne »* que le nombre ne suffit pas, seule la volonté l’emporte.

A. Minc, le petit mandarin du Tout-Paris moque les lycéens qui manifestent, les grévistes privilégiés qui s’accrochent à leurs privilèges. Un mépris affiché, jeté à la face de ceux qui luttent. Et qui luttent pour eux, mais aussi et surtout pour les autres. Ce qui manque à A. Minc, ainsi qu’à une partie de la droite c’est la faculté d’intégrer quelques données simples. Le seul moteur des décisions humaines n’est pas la cupidités. La société est là, les personnes ne sont pas des atomes errants à la recherche exclusive d’une satisfaction égotique. Humains, ils tissent des relations, des affects qui dépasse le calcul rationnel profitable. Choses que la désaffection libérale a pensé annihiler. La mauvaise nouvelle d’octobre 2010, c’est que la société existe toujours.

*M. Thatcher le 31.10.1987 « And, you know, there is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families. » / « Et vous savez qu’il n’existe rien de tel que la société. Il y a des individus masculins et féminins et il y a des familles. »

Illustrations : Flickr CC Dr Case, Subterranean Tourist Board, Jan Slangen;

Article publié à l’origine sur le blog Piratages.

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Les jolies colonies de Chatel http://owni.fr/2010/09/02/les-jolies-colonies-de-chatel/ http://owni.fr/2010/09/02/les-jolies-colonies-de-chatel/#comments Thu, 02 Sep 2010 13:45:49 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=24077

Cela faisait partie des dispositions annoncées par Nicolas Sarkozy en mai dernier, à l’issue des États généraux sur la sécurité à l’école : la création d’”établissements de réinsertion scolaire” (ERS) accueillant des élèves de 13 à 16 ans particulièrement perturbateurs en internat, une mesure destinée à endiguer la violence scolaire. Une circulaire envoyée à la fin du mois de juin et publié au JO dans la torpeur du mois de juillet vient d’en préciser les contours.

Les ERS recevront des élèves du second degré qui ont fait l’objet de multiples exclusions, “qui ne relèvent ni de l’enseignement spécialisé et adapté” et qui ne peuvent pas non plus être placés dans le cadre pénal. Ils seront placés la plupart du temps dans des internats, par effectif de quinze à trente, sous la houlette “d’un encadrement renforcé et de l’appui de différents partenaires.” Les ERS seront placés sous la responsabilité du chef d’établissement public local d’enseignement auquel il sera rattaché. Les ERS pourront être situés dans des locaux annexés à l’établissement scolaire de rattachement, de préférence distinct du reste de l’établissement”. À l’écart, au propre comme au figuré ?

Le placement pourra se faire sans l’accord des parents

Le placement pourra se faire sans l’accord des parents : “Il est nécessaire que l’accord du jeune et de sa famille ou du responsable légal soit mentionné dans le dossier. Si cet accord ne peut être obtenu, une saisine du procureur peut être engagée par l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Éducation nationale, afin que puisse être étudiée l’opportunité de prononcer un placement en ERS au titre de mesure d’assistance éducative.”

Les ERS fixent quatre objectifs : “l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences, l’appropriation des règles du vivre ensemble, la définition d’un projet de formation ainsi que l’implication des familles.” La réinsertion se fera “dans un parcours de formation générale, technologique ou professionnelle.”

Sauf que la suite de la circulaire préempte une forte option pour les deux dernières, considérées comme des voies de garage en France. Ainsi, “des stages en lycées professionnels, en centre de formation des apprentis et en entreprises sont organisés” ; “Pour les élèves les plus âgés, des poursuites d’études sont envisagées, soit sous statut scolaire, notamment en lycée professionnel, soit par voie de l’apprentissage.” En sachant que ces voies protègent moins du chômage que l’enseignement supérieur…

Par ailleurs, l’obtention de différents certificats n’a pas un caractère obligatoire : “Afin de valider leurs acquis et de faire entrer les élèves dans une dynamique de réussite reconnue, il convient d’avoir un objectif de certification, chaque fois que cela est possible : certificat de formation générale (CFG), diplôme national du brevet (DNB), attestation scolaire de sécurité routière (ASSR), brevet informatique et internet (B2I), attestation de prévention de secours civiques (PSC1), jeunes officiels, brevets sportifs ou d’animateur, etc.”

Des enseignements seulement le matin

Les élèves auront un emploi du temps aménagé : le matin, enseignements, l’après-midi des activités “notamment des activités sportives à raison de deux heures chaque jour et des ateliers autour de la citoyenneté, de la santé, etc” ; et pour finir, en fin d’après-midi, “l’accompagnement éducatif”.

Le chiffre de dix ERS pour l’année 2010-2011 a d’abord été avancé dans la circulaire, le président Sarkozy a fixé comme objectif une vingtaine au cours du premier trimestre. On sait déjà qu’il y en aura un dès la rentrée à Nice : l’annonce en a été faite le 1er juillet entre autres par Eric Ciotti, député UMP et président du conseil général des Alpes-Maritimes. Ce dernier a récemment fait parler de lui pour avoir proposé «jusqu’à deux ans de prison pour les parents» d’un mineur délinquant qui n’aurait pas respecté le plan de probation sous leur responsabilité, en prenant faux exemple sur le Canada.

L’encadrement sera assuré par des enseignants et des assistants d’éducation. Le choix des enseignants se fera “sur la base du volontariat et sur poste à profil”. Sans que cela ait un caractère obligatoire : il est seulement “souhaitable que ces personnels aient une expérience d’enseignement devant des publics scolaires en difficulté et témoignent de leur motivation pour travailler sur un projet pédagogique et éducatif avec internat.” Ils seront éventuellement assisté de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), des éducateurs du conseil général, d’intervenants associatifs, de volontaire du service civique…

Parmi les partenaires, outre le ministère de la Justice et des Libertés, le ministère de la Jeunesse et des Solidarités actives, les associations agréées complémentaires de l’enseignement public et les fondations reconnues d’utilité publique…, on retrouve le ministère de la Défense, dont les compétences en matière d’éducation sont bien connues. Contacté entre autres pour avoir des précisions sur ce point, le ministère de l’Éducation n’a pas répondu. Ce choix semble somme toute logique lorsque l’on sait que les EMS (équipes mobiles de sécurité), un des quatre axes majeurs du plan de “sanctuarisation des établissements scolaires”, font appel à des ex-policiers et gendarmes.

Le texte ne précise pas ce qu’il sera fait de ces élèves s’ils ont dépassé l’âge limite. Il est juste mentionné les solutions en cas de réussite du processus de réintégration.

En parallèle et en toute contradiction, le gouvernement veut tailler dans les effectifs des professeurs dans les trois ans à venir, en application de la politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Il envisage ainsi la suppression des Rased (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), l’augmentation des effectifs par classe, une formation des enseignants revue à la baisse, prévoyant que les nouveaux professeurs seront directement affectés à un poste. Un programme qui a conduit les à commencer l’année scolaire 2010 par une grève. On rajoutera aussi que le plan banlieue a été vidé de sa substance.

“Il faudrait redonner à ces élèves un espoir”

Le détail de ces ERS ne fait pas l’unanimité parmi le milieu éducatif, curieusement. Le SNES est dubitatif : “Cela fait des années que l’on cherche une solution pour ce public très particulier, sans avoir trouvé la formule-miracle, je ne pense pas que celle-là résolve le problème, nous a expliqué Roland Hubert, co-secrétaire général Syndicat national des enseignements de second degré. Les ERS centrent leur approche sur le comportemental, cela ne suffira pas. De plus, la PJJ est partenaire, or elle a tendance à axer son travail sur la réparation et non la prévention. Il faudrait redonner à ces élèves un espoir, un sens pour qu’ils puissent se reconstruire. Il faut qu’il y ait une vraie réflexion sur les raisons de leur blocage. Là, c’est du dressage, on leur fait faire du sport pour les défouler, on leur apprend à être de bons citoyens pas gênant, aux détriments de l’apprentissage, qui est réduit. ‘Projet de vie’, ce sont des mots, nous serons attentifs à la réinsertion réelle.

“Une fois de plus, face à un problème grave, on apporte une réponse qui s’apparente à un effet d’annonce, estime Dominique Hocquard, président de l’ACOPF (Association des conseillers d’orientation psychologue de France), faisant allusion à la force de proposition sécuritaire du gouvernement. Pour beaucoup, les chefs d’établissements ne sont pas dupes. Il existe déjà des dispositifs, comme les classes-relais, il faudrait mieux renforcer leurs moyens.” Les dispositions même des ERS sont mises en cause : “Alors que ces élèves sont placés, pour ne pas dire enfermés, comment peuvent-ils se projeter positivement ? Les enseignements seront basiques et réduits et on ne leur propose qu’une formation professionnelle à court terme”. Une formation professionnelle “dévaluée” du coup, souligne-t-il : tout juste bonne pour des perturbateurs. Il note enfin l’ambiguïté des ERS, “une pénalisation déguisée d’une certaine façon”, puisque le placement pourra être imposé.

L’UNSA-éducation souligne de son côté le manque de concertation sur ce projet : “Cela a surpris tout le monde, explique Patrick Gonthier, secrétaire général du syndicat. Aucune réunion n’en a fait état, c’est une annonce exclusive du président de la République.” Il craint que les critères de sélection n’amènent à réunir des profils très différents. La diminution de la part des apprentissages leur fait également peur. Surtout, c’est le choix d’une structure fermée, en extérieur, qui suscite le plus de crainte chez eux : “Il vaut mieux rester dans l’enceinte éducative, cette solution risque de produire un contre-effet, c’est-à-dire d’accentuer la démotivation et d’exclure à long terme les élèves. Peu de pays ont adopté des solutions externalisant autant”, détaille monsieur Gonthier.

Établissements scolaires ou pénitentiaires ?

s’interrogent carrément Les Cahiers pédagagiques. [...] Surtout la circulaire s’étend sur “la stricte discipline”. [...] On voit mal comment le socle commun peut être sérieusement préparé dans un cadre pareil.” [...] On est surpris de la naïveté du programme pédagogique des ERS qui prétend imposer le respect et faire apprendre dans un internat imposé. Tout enseignant sait bien que le respect se construit, il n’est pas du, et qu’on peut apprendre la contrainte, voire la soumission, mais pas apprendre par la contrainte. Mais on est aussi surpris du positionnement de ces ERS par rapport aux classes relais.” Et de conclure, rejoignant les critiques précédentes : “les ERS avec leur caractère semi clos, un dispositif où on voit bien que l’enseignement est secondaire face aux exigences comportementales risque plutôt d’accélérer la marginalisation des jeunes parqués dans des structures qui préparent plutôt à l’enfermement. Définitif ?”

Les ERS sont un exemple de la volonté du gouvernement de se focaliser sur la sécurité à l’école, alors que de l’aveu même du ministre de l’Éducation, “99% des élèves ne connaissent pas la violence”. Une position dénoncée entre autres par l’OZP (Observatoire des Zones Prioritaires) : “La violence à l’école – et sa répression – tendent à devenir le sujet qui envahit tout le discours sur l’école, comme s’il fallait persuader les familles que l’école publique est un lieu dangereux pour leurs enfants.”

Et si les fines huiles de la majorité donnaient des cours sur les valeurs ?

Pour finir en lolant, nous avons imaginer que les fines huiles de notre majorité interviennent en fonction de leur compétences et expériences sur quelques valeurs que nos jeunes en difficulté sont sensés intégrer. “Les pratiques sportives sont à développer tout particulièrement, pour les valeurs qu’elles portent” :
- “respect des règles” : Alain Joyandet, qui se permet de construire.
- “goût de l’effort” : Jean Sarkozy, qui a failli être président de l’Epad à 23 ans malgré son absence de diplôme. Comme dit si bien Patrick Devedjian citant Corneille, ““Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”.
- “persévérance” : Christian Estrosi, dit “le motoditacte” en raison de la taille de son cerveau, propulsé ministre de l’Industrie.
- “esprit d’équipe” : David Douillet, qui soutient sans faille Rama Yade, la secrétaire d’État aux Sports.
- “loyauté” : Bernard Kouchner, retourneur de veste.
- “dépassement de soi” : Frédéric Lefebvre, qui n’en rate pas une pour soutenir Nicolas Sarkozy. Au choix, ici, ou bien encore ça.
L’éducation à la citoyenneté est privilégiée : des ateliers citoyens sont conduits, en collaboration avec des partenaires de divers ministères (Justice, Défense, Intérieur) et d’associations, afin de proposer un travail approfondi sur la nécessité du respect des règles :
- “de vie collective” : le fraternel Brice Hortefeux, si respectueux de ses camarades auvergnats en public.
- “de registre de langue” : Nicolas “casse-toi pauvre con” Sarkozy (Le Canard enchaîné nous rapporte aussi régulièrement en page 2 les fleurs de langage du petit Nicolas).
- “de comportements” : toujours le même, expliquera comment se comporter face à une personne importante : éteindre son portable, par exemple.
- “de tenue vestimentaire” : Roselyne Bachelot, porteuse de crocs roses.
Les jeunes peuvent s’engager également dans des actions auprès d’associations d’aide aux handicapés, aux personnes âgées, de lutte contre la pauvreté, etc.
-Eric Woerth parlera ainsi de l’amitié qu’il a nouée avec une vieille dame importunée par sa méchante fille et son trop plein d’argent.

À lire aussi :

La circulaire sur les ERS

Vous voulez des pions ? Vous aurez des ex-policiers.

Image CC Flickr D.Reichardt et SpinAirR

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"Toute l'adolescence est perçue comme suspecte" Photo Flickr CC gardenghelle

Accompagnement du diagnostic de sécurité, prévention en cas de tension, sécurisation“. Telles sont les principales missions des équipes mobiles de sécurité (EMS). Mais dans quelles zones dangereuses agissent-elles ? Les quartiers pauvres de Baltimore filmés dans The Wire ? Des banlieues au bord de l’émeute ? Non, dans toutes les académies de la douce France.

Les quarante équipes sont en place depuis mercredi dernier.  Les EMS constituent un des quatre volets majeurs du plan de “sanctuarisation des établissements scolaires” lancé en septembre dernier. Une riche idée de Xavier Darcos, mise en oeuvre par son successeur à l’Éducation nationale Luc Chatel, conjointement avec le ministre de l’Intérieur (et pourquoi pas celui de la Défense, tant qu’on y est ?).

Il s’agit d’équipes mixtes composées de personnels de l’Éducation nationale -proviseur, CPE, enseignants, infirmière…- et de “spécialistes de la sécurité issus d’autres ministères ou des métiers de la sécurité“. Comprendre des ex-policiers et gendarmes.

Le dosage de sa composition est variable en fonction des zones d’intervention. L’ensemble des membres  doivent recevoir une formation “adaptée aux spécificités des interventions en milieu scolaire.” Les EMS sont placées sous l’autorité du recteur d’académie qui travaille maintenant avec un conseiller technique “sécurité“, issu de la police ou de la gendarmerie par exemple. C’est sur saisine du rectorat qu’elles interviennent.

L’argument avancé, on s’en doute, pour la mise en place de ces EMS, c’est l’augmentation de la violence à l’école sous différentes formes. Toute un arsenal sécuritaire destinée à… “restaurer la confiance et le dialogue” -cherchez l’erreur- et “conforter l’autorité dans les établissements en proie aux tensions” -là c’est plus logique. Pour retrouver la sérénité, c’est bien connu, embauchez du personnel possédant une « présence physique imposante et forte visibilité, [...] des aptitudes physiques et sportives (ex : pratique des arts martiaux) avérées ».

“Des pompiers pyromanes”

Un discours qui laisse dubitatif les premiers concernés. En Seine-Saint-Denis, département de l’académie de Créteil réputé difficile, et qui avait à ce titre inauguré le dispositif, la FCPE, première fédération de parents d’élèves, a parlé de “rustine sur un pneu crevé”.

Au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers (93), enseignants et personnels ont fait grève, “indignés par l’absence totale de concertation et la non prise en compte de [leurs] demandes et des besoins réels.” Idem au lycée Aubrac de Pantin (93), où des enseignants avaient débrayées en janvier.

Dans une académie plus calme, celle de Toulouse, même opposition : « Cette unité est une unité que nous ne reconnaîtrons pas. Ils nous fabriquent une problématique là où il n’y en a pas. Ce sont des pompiers pyromanes : après avoir enlevé 100 000 personnes dans l’Éducation nationale il ne reste pas assez d’adultes dans les établissements » a expliqué Pascal Astruc, président de la FCPE 31.

Et Pierre Granet, secrétaire général de la FCPE 31 de fustiger cette politique du gouvernement selon laquelle « toute l’adolescence est perçue comme suspecte. Sélectionner, surveiller et punir, voilà la logique. Avec un contrôle social des populations supposées à risque qui n’est pas acceptable. La stigmatisation ne fait qu’envenimer les choses ».

Luc Chatel : «99% des élèves ne connaissent pas la violence»

Face à l’augmentation de la  violence, quelles solutions autres apporter ? Suite à la mort de Hakim Mahdi, un élève poignardé dans l’enceinte de son établissement, le lycée Guillaume-Apollinaire , les professeurs avaient demandéplus de moyens humains : des surveillants et des professeurs qualifiés“. Tout simplement : à quoi bon des États généraux si la solution est connue ?

D’ailleurs Luc Chatel lui-même a déclaré que «99% des élèves ne connaissent pas la violence». Alors pourquoi une telle débauche de moyens axés sur la sécurité ? Vous avez dit “communiquer” ?

40 000 postes supprimés depuis l’élection de Nicolas Sarkozy

Sourd à la demande, le gouvernement a prévu de supprimer 16 000 postes dans le budget 2010, conformément à la règle du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Ce qui devrait porter à 40 000 postes le nombre total de postes de l’Éducation nationale supprimés depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, essentiellement des enseignants.

Lors de son intervention à l’occasion de la rencontre nationale des responsables des EMS, Luc Chatel a évoqué la mort de Hakim, qui ne risque pas de se plaindre de cette récupération : “Sa mort est la négation des valeur de l’École de la République, fondée sur la tolérance, sur le respect de l’autre“. La défiance a priori fait-elle désormais partie du socle commun transmis à l’école ?

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Voir aussi l’intégralité de notre dossier spécial à l’occasion des États généraux de la sécurité à l’école, où il est entre autre question de ces adolescents envoyés en prison, aux États-Unis, parce que des policiers y ont remplacé les surveillants, de la mise en place de portiques de sécurité…

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